"Et l'ouvrier créa Nanterre": exposition sur le quotidien des ouvriers nanterriens dans les années 1930

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Etudiantes en licence 3 d’Histoire parcours bi-disciplinaires Ethnologie et Sociologie, mais aussi et surtout amies, nous avons décidé de participer au cours « Histoire en Action » dans le cadre de notre préprofessionnalisation. Nous souhaitions toutes les quatre nous investir dans un projet stimulant et différent du cadre universitaire habituel. Le projet que nous avons créé et que nous portons actuellement est celui d’une exposition sur les ouvriers de Nanterre dans les années 1930. L’idée est d’offrir une vision différente de la ville de Nanterre dont le symbole est la cité bidonville qui s’étendait sur le terrain actuel de l’Université.

Nos cours de sociologie et d’histoire nous ont conduites à choisir les ouvriers comme objet de recherche : groupe social emblématique d’une époque, il nous a semblé intéressant d’apporter notre petite pierre à l’édifice de leur histoire. La municipalité de Nanterre nous offrit le terreau de notre recherche puisque cette ville fait partie de la « banlieue rouge », bandeau historique des municipalités communistes entourant Paris. Notre objectif est de faire une histoire sociale et non politique où le logement, la vie au travail et les loisirs prennent le pas sur l’engagement militant. Bien entendu, l’engagement est une dimension qui est abordée dans notre travail mais elle n’y tient pas une place prépondérante. A travers l’histoire des ouvriers, c’est aussi l’histoire d’une ville et de ses entreprises que l’on peut percevoir : les politiques menées par les usines pour leurs travailleurs, les aides de la municipalité pour divers aspects de la vie quotidienne…

 

La première grande difficulté que nous avons rencontrée fut celle du choix du sujet puis de la définition du sujet (teneur, lieu, originalité): en concertation, nous avons chacune proposé un ou deux sujets qui nous plaisaient et le groupe devait juger de la « faisabilité » du projet. Monsieur Regourd nous a laissé quartier libre, répondant à nos propositions sans mettre de cadre strict immédiat. Nous avons envisagé la réalisation de visites guidées, le thème des peintres impressionnistes et de leur rapport à la Seine, les usines Renault… Malheureusement, beaucoup de nos idées avaient déjà été réalisées par d’autres structures et nous ne voulions pas faire de la mauvaise redite. L’idée de l’industrialisation a pourtant été retenue et a guidé nos réflexions : nous suivions toutes un cours sur Paris au XIXe siècle et le thème de l’haussmannisation nous avait été présenté. On y percevait entre autres la naissance de la banlieue mais aussi la population ouvrière qui résidait à Paris au XIXe siècle et nous souhaitions étudier cette histoire. Après plusieurs réflexions et concertation, le même problème se posa : le musée Carnavalet avait récemment réalisé une exposition sur « le peuple de Paris ». Nous nous sommes donc reportées sur la ville de Nanterre sur les conseils de M. Regourd et avons commencé nos recherches. Nous gardions en tête la période du XIXe siècle mais nous avons vite dû changer de perspective. Après quelques premières recherches aux Archives départementales, il apparaissait que la période vive de la présence ouvrière et industrielle de Nanterre était celle des années 1930. Nous avons donc resserré très fortement notre sujet : nous partions des années 1880 aux années 1970 pour finir sur la seule décennie 1930. Après cela, la difficulté fut le tri des informations et le choix des documents à consulter, chacun demandant un investissement inégal de temps pour plus ou moins de résultat.

La seconde grande difficulté fut celle de la communication dans le groupe : du fait du nombre important, il est difficile de trouver un créneau horaire où nous sommes toutes disponibles en même temps. La plupart du temps, nous avons travaillé à trois, la quatrième était mise au courant de l’avancée après coup. Pour pallier le problème, nous avions mis en place un outil de travail collaboratif (Google drive) pour se soumettre, entre autres, les courriers que nous devions envoyer, l’état de nos recherches…

La dernière grande difficulté que nous avons dû gérer fut celle de l’élaboration d’un budget. Nous nous confrontions directement à quelque chose d’inconnu pour nous mais pourtant indispensable : c’était l’expérimentation de la théorie à la pratique. Pour ce qui était de la partie recherches, nous n’avions aucune difficulté à nous plonger dans plusieurs livres ou documents mais savoir combien cela allait nous coûter de monter une exposition était un peu éloigné de nos préoccupations. Nous avons donc mis du temps à contacter des entreprises et à essayer d’évaluer concrètement nos besoins (nombre de panneaux surtout), nous attendions toujours de trouver plus d’informations. Les conseils de professionnels nous ont aidées à reconsidérer l’essence de notre projet : ce n’est pas un livre mais une exposition, il faut penser au matériel et au visuel plutôt qu’au texte !

 

En cours, M. Regourd nous a rappelé à plusieurs reprises l’importance de chercher rapidement des financements : les calendriers des institutions ne sont pas les nôtres. Nos besoins étaient surtout matériels (panneaux et communication) et nous avons établi la liste de toutes les personnes susceptibles d’être intéressées par notre projet. Nous avons contacté plusieurs organismes par différentes voies (e-mails, courriers, téléphone). L’UFR SSA a immédiatement répondu favorablement à notre demande et le département d’Histoire en la personne de M. Martinez-Gros nous a aussi apporté le soutien nécessaire. Notre demande pour la Mairie de Nanterre est en cours de traitement mais la personne en charge semblait très intéressée par le projet et jugeait notre demande assez modeste pour pouvoir être acceptée.

 

A ce jour, la préparation de l’exposition entre dans sa dernière phase. Nous devons encore écrire les textes des panneaux mais les documents à exposer sont tous réunis. Nous pensons pouvoir exposer à la rentrée universitaire prochaine soit à la Maison de l’Etudiant (dossier en cours), soit dans un autre endroit qui n’est pas encore défini. Jusqu’à présent, nous pouvons noter plusieurs points positifs à cette expérience. Tout d’abord, la facilité que nous avons eu à communiquer avec les différents acteurs (Société d’Histoire de Nanterre, Mairie de Nanterre pour les archives et le financement, Lycée Joliot-Curie…) qui étaient toujours disponibles et prompts à répondre à nos messages. Nous avons été encouragées et motivées par la bonne réception du projet par l’ensemble des personnes à qui nous en parlions (prise au sérieux de la part des différents professionnels). Nous avons pu consulter une grande quantité de documents dans les différentes archives (SHN, Mairie, Département…) et nous avons reçu l’aide des personnes en charge de ces structures. Enfin, la bonne entente du groupe et la cohésion que nous avons essayé le plus possible de maintenir a joué un rôle de moteur dans le projet, d’autant plus nécessaire que la charge de travail est immense et que nous n’avions pas envisagé une dernière année de licence aussi remplie et intense.

Le cours a pris toute sa dimension de préprofessionnalisation à travers deux aspects : d’abord, le premier contact avec les archives qui nous a permis d’expérimenter le métier de chercheur et de comprendre en partie ce qu’il impliquait. Ensuite, dans les relations que nous avons établi avec les différents acteurs et organismes, ce qui signifie une régularité, un suivi et une réactivité pour montrer notre implication et notre motivation ce qui assure notre crédibilité et encourage les personnes à nous soutenir et à croire en notre projet.

Cette expérience nous a permis d’une part d’apprendre à communiquer avec les professionnels : s’exprimer correctement, de manière synthétique, présenter et défendre ses idées. D’autre part, nous avons expérimenté le travail de groupe sur le long terme pour un projet commun et nous avons pu développer en conséquence les aptitudes nécessaires à cette configuration de travail (discussion, négociation, prise de décision, concertation…).

 

Budget total : 1000 euros

 

Pour aller plus loin :

  • JANTZEN H., Cent ans de patrimoine industriel dans les Hauts de Seine: 1860-1960, Images du Patrimoine, 2008

Livre de photographies montrant, ville par ville, la présence et l’allure de l’industrie dans les Hauts-de-Seine. Quelques pages sur Nanterre et ses entreprises emblématiques.

  • Bulletins de la Société d’Histoire de Nanterre traitant de sujets divers mais très bien illustrés

et qui permettent d’appréhender l’histoire de la ville à travers la vision d’historiens amateurs et d’habitants.

  • LEGRAS F., La naissance de la municipalité communiste de Nanterre, mémoire de master Paris 10-Nanterre, 1991

Très bon mémoire de master qui retrace le contexte des années 1930 dans la ville de Nanterre et l’arrivée au pouvoir des communistes, ainsi que le contexte de l’élection de 1935 qui fit tout basculer.

  • SEGALEN M., Nanterriens : les familles dans la ville, une ethnologie de l’identité, Toulouse, PUM, 1990

Utile pour comprendre le contexte dans les années 30, moment où ces familles sont arrivées à Nanterre