L'Eclair d'Aubert
mer, 01/12/2011 - 20:37 | Ajouter un commentaire
L'ex-leader de Téléphone vient de sortir Roc'Eclair, son huitième album studio.
Très acoustique, basé sur une formule guitare/voix qui fonctionne si bien depuis la tournée solo Un tour sur moi-même, le disque débute par une superbe ballade teintée d'harmonica, Maintenant, je reviens.
Maintenant, je reviens à ce que j'ai toujours été,
Je reviens à pied, reviens en février,
Maintenant, je reviens à ce pourquoi je suis fait,
Je reviens chanter, je reviens de tout,
Je reviens vers vous
Jean-Louis Aubert vient de passer six mois au chevet de son père mourant. Le lendemain des funérailles, il s'enferme dans une pièce monacale des studios La Fabrique, à Saint-Rémy-de-Provence, et, pendant une semaine, enregistre jusqu'à trois chansons par jour. Il a envie de faire quelque chose qui soit très près de ses ressentis. D'ailleurs, il sent que son père est à côté de lui, qu'ils écrivent à quatre mains. Plutôt que de céder à la noirceur, le chanteur s'impose de faire un disque plein de vitalité, agité de sentiments rebelles et gais, à l'image du titre Roc'Eclair, qu'il trouve en entrant dans une entreprise de pompes funèbres : Dites, je peux me servir de votre nom pour mon prochain album ?
La voix d'Aubert, reconnaissable entre mille, charme par sa fragilité. Par ses fêlures. Par sa pudeur et sa chaleur. L'auteur le confesse, on chante pour que les gens vous prennent dans leurs bras. Après avoir écouté le disque, je retiens en particulier :
Puisses-tu, un refrain formidable.
Marcelle, inspirée par une vieille dame et diablement entraînante.
Chasseur de nuages, inventaire aérien des stratus, cumulus et autres nimbus, auxquels vient s'ajouter un brûlant cunnilingus.
Roc'Eclair, la chanson qui a lancée l'album, la première qui été écrite. C'est l'enregistrement de la maquette qu'on entend, car l'auteur n'a jamais réussi à la rechanter ensuite.
Jean-Louis Aubert est reconnu pour l'efficacité de ses mélodies, moins pour la profondeur de ses chansons. Avec ce disque, il franchit une étape supplémentaire. Le miracle de la gravité légère. Ou le paradoxe des grands.
Vincent Dégremont