Cosette et communards : lorsque l'Histoire ressucite le mythe
ven, 10/28/2011 - 20:20 | Ajouter un commentaire
Déstabilisant musée Carnavalet ! A peine entré dans la première salle de sa nouvelle exposition, le visiteur est assailli par d'étranges bruits ; cris de chiffonniers, murmures des lavandières, rires des gamins des rues. En quelques secondes, nous sommes transportés dans l'ambiance d'un quartier populaire à l'aube du XIXème siècle. Au détour des ruelles sinueuses de Belleville ou de Ménilmontant, nous croiserons apaches, grisettes et gavroches, fantômes du passé qui hantent toujours les rues de Paris.
Mais qu'est ce que le peuple au XIXème siècle ? A travers six salles thématiques, l'exposition tente de répondre à cette question.
Le peuple, c'est tout d'abord une réalité. Son quotidien parfois sordide se déploie sous nos yeux dans toute sa matérialité, loin des images d’Epinal tirées de Georges Sand. Ainsi, les trois premières salles racontent la vie du prolétaire, son dur métier, son pauvre logement, ses rares loisirs mais aussi sa sociabilité, sa solidarité et sa conscience politique. Cosette n'est pas loin lorsqu'on contemple les gravures des petits ramoneurs. Mais le peuple, c'est aussi une représentation fantasmée construite par les nantis entre fascination et dégoût. Les bas-fonds regorgent de prostituées qui pissent et copulent en pleine rue, d'ivrognes toujours au bord du crime, ou bien c'est la foule sublime de Michelet, l'humble travailleur aux plaisirs simples. Enfin, le peuple parisien, c'est un acteur collectif de l'Histoire de France dressé sur les barricades de juin 1848 ou acculé au mur des Fédérés.
La rêverie du visiteur se fonde sur un corpus iconographique et littéraire très riche, comportant des lithographies, des peintures, des photographies, des cartes topographiques, des dessins mais aussi des statues, des fragments de journaux, de textes de lois, de livres ou de mémoires. Documents d'époque réalisés dans le feu de l'actualité. Les menus objets de la vie courante évoquent le souvenir de leurs anciens propriétaires tandis que l’œuvre d'Honoré Daumier, l'artiste issu du peuple, nous le campe entre ironie et bienveillance.
Une exposition où la rigueur scientifique le dispute à l'enthousiasme romantique.
Du 5 octobre 2011 au 26 février 2012, 23, rue de Sévigné, 75003 Paris, www.carnavalet.paris.fr