Dans le cadre du Festival d'Automne, Olga Neuwirth présente deux spectacles au Palais Garnier, Kloing ! et Hommage à Klaus Nomi. Le fil conducteur ? Le désarroi de l'homme face à l'extra-humain (la nature, la machine, l'extraterrestre).

Dans Kloing ! la compositrice viennoise met en scène un piano automatisé et désaccordé. Sur ce piano sont transmis par ordinateur des enregistrements du début du XXe siècle ainsi que la sonorisation d'un relevé d'activité sismique. Cette lutte entre machine et humain n'est pas sans rappeler les parties d'échecs organisées entre un champion et un ordinateur. Ici, la question est celle de la virtuosité technique : la machine ne peut alors que gagner. 

Klaus Nomi est de nouveau à la mode. Après l'immense succès obtenu durant sa brève carrière (1978-1983), le chanteur était tombé dans l'oubli. Mais depuis quelques temps, il réapparaît régulièrement : Philippe Calvario a maquillé et habillé Michel Fau en Klaus Nomi pour sa dernière mise en scène d'Une Visite inopportune. Le spectacle d'Olga Neuwirth est donc une étape nouvelle dans la redécouverte du grand chanteur lyrique. Sans toucher aux paroles, la compositrice a modifié l'orchestration, ce qui donne un son tout à fait nouveau. A mille lieues des sonorités froides et mécaniques de la Cold Wave. Dans son spectacle, elle tente d'établir un chemin pour comprendre la personnalité de Klaus Nomi, qui se définissait lui-même comme un "personnage magique". Elle construit donc autour de neuf chansons - entrecoupées de textes de Baudelaire ou de Lewis Caroll - un parcours, symbolisé par l'image d'un capitaine projetée sur un écran. Un spectacle intelligent.
Néanmoins on est en droit de se demander s'il ressemble vraiment à Klaus Nomi. Tout d'abord, l'orchestre a tendance à prendre le pas sur la voix. Ce n'est pas étonnant, Olga Neuwirth travaille plus sur la composition que sur le chant. Mais le chanteur, mis à part sa superbe voix de contre-ténor, n'a rien de commun avec Klaus Nomi. Car celui-ci travaillait beaucoup sur les aspects visuels du spectacle : maquillage noir et blanc, costume dadaïste, gestuelle du théâtre kabuki, choristes en arrière-plan. A Garnier, le chanteur se contente de donner sa voix. 

Enfin, les visuels projetés sont assez décevants : le capitaine fait très humain alors que Nomi (anagramme d'une revue de science-fiction) se prenait pour un extraterrestre.

C'est cependant une belle redécouverte, dans un lieu symbolique qui donne une idée d'une autre version possible de Klaus Nomi. On préfèrera tout de même l'original.

 

Olga Neuwirth, Kloing! et Hommage à Klaus Nomi. Au Palais Garnier le 24 octobre.

 

Mathilde LOUARN

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