Troisième film de Maïwenn, basé sur des faits réels, Polisse nous embarque dans cette réalité triste, glauque et très peu connue de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs). Film choral, tourné et mis en scène à la manière des Bureaux de Dieu de Claire Simon, Polisse nous dépeint les difficultés auxquelles font face les policiers de la BPM. Dès le début du film, le ton est donné. On y voit la déposition d’une petite fille avouant que son père lui « gratte les fesses ». Juste après, nous assistons à une scène des plus improbables : un grand-père avoue le plus normalement du monde qu’il pratique l’inceste auprès de sa petite-fille. Des scènes crues, mais tellement réelles, qui nous sont projetées en pleine face. Car c’est cela Polisse : montrer au spectateur les histoires sordides  d’une réalité qu’on essaye d’occulter.

 
Ce film est aussi un témoignage humain sur des thèmes que nous retrouvons trop souvent dans le prisme froid des médias et des articles de faits divers. En effet, Maïwenn décrit aussi l’intimité de ces policiers. Nous les voyons impuissants face aux manques de moyens de leur brigade et donc indignés par cela (la scène où il manque une voiture pour une intervention est la plus parlante). L’aspect quasi documentaire du film fait que nous entrons parfois au plus profond de l’intimité de ces personnages. En témoigne le moment où nous apprenons l’anorexie de Marina Foïs, policière crédible du début à la fin. Ou bien lorsque Joey Starr (Fred dans le film) s’épanche sur ses peurs, ses inquiétudes auprès de Maïwenn qui joue le rôle d’une photographe mandatée par le Ministère de l’Intérieur pour réaliser un livre sur la BPM. Joey Starr est d’ailleurs la révélation du film en endossant le rôle d’un policer écorché et souvent à la limite de la bavure.
L’enchaînement des scènes, voire même des affaires, nous donne un film physique qui nous scotche au siège de la première à la dernière scène. Effet qui est renforcé par la symbiose des acteurs avec leur personnage. On rit, on pleure, on s’indigne avec eux. Du coup, tout comme les personnages, nous avons aussi besoin de souffler un peu. Surtout après la séquence où nous contemplons, désemparés, un enfant arraché à sa mère qui ne peut plus s’occuper de lui. La scène de la discothèque est donc là pour nous donner un moment de pause sur la musique enivrante de Stand on the word du groupe Keedz.
 

D’un point de vu politique et sociologique, Polisse nous donne à réfléchir sur une France contemporaine au bord de la crise de nerf et en reflet avec ses contradictions. Comment réagir face un père incestueux totalement méprisant envers la brigade et jouissant d’une impunité grâce à son statut social et ses « connaissances » ? Que dire sur le désir ambigu entre un enfant et son professeur de gym ? Que faire lorsque l’État demande à la police de faire du chiffre avec des moyens précaires ? Mais surtout, comment gérer sa vie privée lorsque sa vie professionnelle ronge la première ? Ce sont là toutes les questions que nous nous posons à la fin du film…

 

 

 

Polisse de Maïwenn, avec Joey Starr, Karine Viard, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Frédéric Pierrot.

Sortie le 19 octobre 2001. Durée : 2H07.
 

 KEMEL Kaci

 
 
 

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