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La Force du destin à l'Opéra de Paris : une répétition intense

Les étudiants du master MCEI ont assisté le 8 novembre à une répétition de La Force du destin de Giuseppe Verdi à l'Opéra Bastille. Nous avons donc passé la matinée à observer le travail coordonné des artistes sur les deux premiers actes de cet opéra romantique, que les artistes répètent depuis le 10 octobre. La répétition a commencé par le premier tableau du deuxième acte (la scène de l'auberge). Les artistes ont enchaîné sur le second tableau du même acte (l'entrée de Léonora au monastère) et ont terminé sur le premier acte (la mort accidentelle du marquis de Calatrava). Curieusement, l'inversion de l'ordre s'inscrivait elle aussi dans une tension tragique, passant de la joie (l'auberge) à l'élévation spirituelle (le monastère), puis à la mort (celle du marquis).


Etaient présents le directeur musical (Philippe Jordan), le metteur en scène (Jean-Claude Auvray), l'orchestre et le choeur de l'Opéra de Paris, les principaux solistes (Violeta Urmana, Mario Luperi, Vladimir Stoyanov, Marcelo Alvarez, Nadia Krasteva, Kwangchul Youn, Nicola Alaimo), la costumière (Maria Chiara Donato) et le chorégraphe (Terry John Bates).


Il s'agissait d'une répétition "scène et orchestre". Mobilisant les solistes, les choeurs et l'orchestre, elle était mené par le directeur musical et non par le metteur en scène, bien que celui-ci fût présent dans la salle. Bien loin de se limiter à diriger l'orchestre seul, Philippe Jordan devait donc veiller à une entente entre les trois corps d'artistes. Or ceux-ci se trouvaient à différents endroits de la scène: fosse pour l'orchestre, plateau scénique pour les solistes, coulisses pour les choeurs (présents pour le deuxième acte : femmes côté jardin pour le premier tableau et hommes côté cour pour le second tableau). Parvenir à trouver un équilibre pour que chaque partition fût entendue distinctement de celle des autres était chose délicate, notamment pour les choeurs. Et bien entendu, tout en organisant l'harmonie d'ensemble, le chef devait travailler le détail de chaque partition avec l'artiste spécifiquement concerné. Il a ainsi fait des remarques au choeur sur le tempo, à la soliste sur la durée d'une note, ou sur l'élasticité d'un son à un musicien. La communication n'était pas chose aisée non plus, car tous les artistes étaient de nationalité différente : la soliste est lituanienne, le ténor argentin, le chef d'orchestre suisse et le texte italien ! Par conséquent, les indications scéniques étaient données en anglais. Philippe Jordan était donc sur tous les fronts, impulsant son souffle virtuose à la répétition.


La répétition s'est déroulée dans les décors (d'Alain Chambon), mais sans les costumes. Une scénographie assez sobre, évoquant le XIXe siècle (celui de Verdi plutôt que celui de l'argument donc) pour le premier acte. Au deuxième acte, la scénographie était encore plus épurée, que ce soit pour la scène de l'auberge ou celle du monastère. Ce choix correspondait au voeu du metteur en scène de jouer sur les oppositions entre sacré et profane. Ainsi pour le premier tableau (l'auberge), le plateau était coupé en deux : avant-scène éclairé de lumières chaudes pour l'auberge, arrière en lumières froides, pour renforcer l'impression glaçante du passage de la procession. Un décor riche de signification à l'image de cet opéra tragique.


 


Mathilde Louarn

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