Terre, Mikhaïl Afanassievitch, terre !
mar, 12/06/2011 - 10:43 | Ajouter un commentaire
Dans le petit Théâtre Darius Milhaud, on joue une fable délirante sur une île mystérieuse dont tout le monde veut s'emparer. L'affiche montre deux photos, celle de Staline et celle de Jules Verne, découpées et recomposées entre elles, ornées d'un perroquet et de gravures du XIXe. Mais toi qui passes devant, sur le trottoir humide, tu connais le nom de l'auteur, et t'étonnes de le trouver sur une affiche de théâtre.
Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov est célèbre pour son grand roman fantastique, Le Maître et Marguerite, ainsi que pour ses nouvelles satiriques sur la société soviétique des années 1920. Mais quid de son théâtre ? Lui qui admirait Molière au point de lui consacrer une biographie romancée (Le Roman de Monsieur de Molière) et une pièce (La Cabale des dévots). Dont les romans (Le Maître et Marguerite) et les nouvelles (Morphine) ont été plusieurs fois adaptés au théâtre. Lui sur qui on a même écrit du théâtre (Lettres d'amour à Staline, Juan Mayorga). Arrête-toi, passant.
La nouvelle mise en scène de Guillaume Charlet mêle acteurs vivants et marionnettes. Ca sautille, ça complote, ça découvre (une île, l'amour), c'est drôle, méchant et ridicule. Ne serait le décor, on se croirait dans une satire soviétique (celles de Boulgakov, mais aussi Zochtchenko ou Ilf et Petrov). Ne serait l'intrigue, on se croirait chez Jules Verne (pseudonyme de l'auteur), avec cette île volcanique qui menace d'emporter avec elle les hommes qui s'aventurent sur son sol.
Tu hésites ? Nul doute que tu goûteras cet humour féroce transposé sur scène. Et peut-être y reviendras-tu dix-sept fois, comme Staline aux Jours des Tourbine, pièce tchékhovienne de Boulgakov qui décrit avec tendresse et amertume la fin de l'Armée blanche ?
A 14h30 le 11 décembre 2011, et les 8 et 15 janvier 2012. Tarif unique : 11 euros