1984 : Quand le futur se conjuge au présent
mar, 12/13/2011 - 23:17 | Ajouter un commentaire
Des caméras qui nous espionnent de partout, des inconnus qui écoutent nos conversations téléphoniques, un État policier qui nous surveille de près. Sommes-nous en Chine communiste ? Aux États-Unis post-2001 avec Le USA PATRIOT Act ? En Angleterre, embrouillés dans le scandale Murdoch de 2011 ? Non, nous sommes plutôt à Paris dans le vingtième arrondissement en 1984.
Reprise pour une troisième saison au théâtre de Ménilmontant, cette adaptation théâtrale du roman 1984 reste fidèle à l'œuvre originale malgré quelques changements mineurs à l'intrigue, principalement pour le point de départ. Comme dans l'histoire d'Orwell, elle évoque une société totalitaire où chaque mot et chaque geste sont scrutés, disséqués, analysés. Une société dans laquelle l'individu n'a plus aucune importance, où la culture, la parole et la pensée sont censurées, voire interdites. Adapté d'abord par Alan Lyddiard pour la scène anglaise, le spectacle est venu à Paris sous la direction de Sébastien Jeannerot et François Bourcier, co-metteurs en scène. Les sept comédiens, dont Jeannerot (dans le rôle de Winston), Florence Nilsson (Julia) et Jean Térensier (O'Brian), ont tout réalisé eux-mêmes – mise en scène, musique, vidéos – s'inspirant de la version britannique. A l'aide d'un écran géant sur lequel sont projetés des images et vidéos, ils mélangent théâtre et cinéma pour obtenir une atmosphère angoissante et sombre, digne du monde oppressant imaginé par Orwell. Des personnages avec des masques de gaz, les membres du Parti, manipulent silencieusement le décor et une musique sinistre s'insinue dans la salle pour faire monter la tension.
Pourtant, l'élément le plus marquant de la pièce, reste qu'en fin de compte, ce monde orwellien n'est pas si différent du nôtre.
Catherine Peterson