Répondre au commentaire
Salomé à l’Opéra Bastille : entre répétition et représentation
Après avoir eu l’opportunité de visiter les coulisses de l’Opéra Bastille et de rencontrer les acteurs de son fonctionnement, nous avons pu assister à une répétition de Salomé. Cette « aventure Salomé », nous a permis de découvrir un monde de l’opéra aux multiples facettes. En effet, cette expérience nous a révélé une vision complète d’un spectacle, de sa création à sa représentation : visite des locaux, rencontres de responsables artistiques, étude du mythe de Salomé et de l’œuvre de Strauss …. Cette aventure s’est achevée par l’observation des répétitions et, enfin, par la représentation.
L’accès aux répétitions nous a été généreusement accordé grâce au programme Opéra Université, dont il convient de complimenter le travail. Initiative très intéressante, le programme Opéra Université, dirigé par Nathalie Guilbaud, met en place des visites, rencontres, tarifs avantageux, … mais aussi l’accès privilégié aux répétitions, dont nous avons pu bénéficier.
A l’Opéra, l’importance du nombre de répétitions traduit la complexité du travail de mise en scène et d’orchestration d’une œuvre. Il existe en tout neuf types de répétitions, s’étalant de 5 semaines à 2 jours avant la première : Musicale, Scène Piano, Technique et Lumières, Studio et Ensemble des chœurs, Lecture d’Orchestre, Italienne, Scène Orchestre, Générale Piano, Pré-Générale et Générale. Chacune de ces répétitions permet de mettre au point un aspect particulier de l’œuvre, et sont dirigées tantôt par le chef d’orchestre, tantôt par le metteur en scène.
La répétition à laquelle nous avons assisté est la répétition Scène Orchestre. Ayant lieu 8 jours avant la représentation et dirigée par le chef d’Orchestre, cette répétition d’une durée approximative de trois heures est la première répétition réunissant la totalité de l’équipe : orchestre, soliste, chœur et figurants, metteur en scène et chef d’orchestre.
Cette répétition nous a permis de découvrir le travail caché derrière une telle œuvre, mais aussi les choix scéniques et musicaux opérés par le chef d’orchestre et le metteur en scène. Au fil de la répétition, nous assistons à un travail technique plus qu’artistique.
Salle vide, seul le metteur en scène, Lev Dodin, muni de son pupitre, est installé au parterre pour suivre la répétition. Nous sommes alors installés au 2ème balcon pour ne pas gêner le bon fonctionnement de la répétition. Celle-ci débute par la danse des sept voiles, c'est-à -dire la seconde partie de l’opéra. Tout est présent : le décor, le placement sur la scène, les costumes et accessoires. Le chef d’orchestre dirige les opérations, et interrompt la répétition à tout moment pour donner des indications à ses musiciens ou aux chanteurs, comme celle de jouer moins fort pour ne pas couvrir les voix. Le metteur en scène lui aussi n’hésite pas à intervenir.
Deux impressions ressortent à la sortie de cette répétition. Les deux personnages masculins, interprétés par Thomas Moser et Vincent Le Texier, paraissent préserver leur voix. Quant à Salomé, jouée par Camille Nylund, elle ne fait pas l’unanimité. Faut-il l'attribuer à la répétition ? La réponse nous est donnée lors de la représentation.
Salle pleine, décor en place, l’opéra peut commencer. Placées au 2ème balcon avec mes camarades de MCEI, comme lors des répétitions, nous étions impatientes de découvrir le travail final. 1h40 de spectacle plus tard : réactions.
Le contraste entre la répétition et la représentation est grand, et pourtant … nos impressions sont mitigées.
Au vu de la répétition, nous attendions de cette représentation une plus grande qualité des voix. Or, nous constatons qu’en dehors de Vincent Le Texier, qui, hors de la scène, fait preuve d’une puissance vocale étonnante, ni Thomas Moser ni Camilla Nylund ne se différencient clairement des répétitions. Celle-ci nous étonne d’ailleurs par sa performance de danseuse, pour le moins maladroite, même si certains y voient tout de même un choix du metteur en scène de dépeindre Salomé en enfant gâtée. Malgré tout, nous sommes agréablement surpris par la scène finale, peu dévoilée lors des répétitions.
Cette expérience apparaît très enrichissante et nous permet d’avoir un œil plus critique et plus aiguisé sur l’œuvre et sa réalisation. La communication entre la multitude d’acteurs qui font l’œuvre est une clé essentielle pour sa réussite. Les choix de la mise en scène ne peuvent exister qu’à travers l’orchestration et l’interprétation. L’opéra, pour arriver à bouleverser le spectateur, représente en amont un travail colossal qu’il ne faut pas oublier.
Pour lire une critique du spectacle, je vous renvoie à notre article situé dans la rubrique « Vu et entendu » du Blog Théâtre et Opéra.