Pietari en est convaincu : le père Noël Coca-Cola, c'est de l'esbroufe ! Le petit garçon en a la preuve dans de vieux grimoires. Santa Claus n'est pas un gentil bonhomme distribuant des jouets par milliers, mais un monstre mangeur d'enfants ! Et lorsque des scientifiques américains entreprennent d'exhumer la créature démoniaque, les soucis commencent... Entre comédie noire et thriller, le premier long métrage de Jalmari Helander deviendra peut-être un film culte. Tous les ingrédients du meilleur de la série B sont réunis : un scénario improbable, un étonnant mélange de registres, entre épouvante et fantastique, et une réalisation hésitant entre le sérieux et la parodie. Le jeune réalisateur finlandais développe ici un thème qu'il avait mis au centre de deux courts métrages racontant comment, en Laponie, les pères Noël sont traqués et domestiqués, pour être ensuite exportés partout dans le monde. Au cœur de cette aventure rocambolesque se transformant en chasse aux zombis, Jalmari Helander place le petit Pietari à la jonction du monde des terreurs enfantines et des obsessions adultes. Sans parvenir à dépasser les facilités de scénario et à faire de ce conte sanglant une véritable quête initiatique, Rare exports : a christmas tale tente d'explorer le matériau légendaire qui compose la figure du père Noël. Pourquoi est-il si méchant ? Parce que le metteur en scène a voulu revenir aux sources de la légende : " La vision américaine a ruiné le Noël des Finlandais. Il y a beaucoup d'histoires intéressantes, dans de nombreux pays européens, à propos de Santa Claus. Et les légendes authentiques sont plutôt effrayantes !" Le père Noël et ses avatars deviennent alors des figures maléfiques, et l'objet d'un vaste commerce. C'est l'ironie de l'histoire : les vieillards hagards au service de ce père Noël cornu, avides de chair fraîche, sont transformés en de braves "papas Noël" et vendus à l'international ! En faisant se rencontrer le paganisme des histoires anciennes et la folie mercantile actuelle, Jalmari Helander supplicie le père Noël Coca-Cola... Mais malgré quelques instants déroutants, Rare exports reste avant tout un divertissement potache. Et pourtant, croire au père Noël n'est pas si anodin. Un certain anthropologue a écrit qu'en priant les petits enfants d'y croire, nous leur demandons de consentir "à nous aider à croire en la vie."

 

Rare exports : a christmas tale, de Jalmari Helander

Louise Champiré

Répondre

CAPTCHA
This question is for testing whether you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.
2 + 6 =
Solve this simple math problem and enter the result. E.g. for 1+3, enter 4.