De la peinture à la photographie : le regard de l'artiste sur la ville
ven, 12/23/2011 - 20:00 | Ajouter un commentaire
Au détour d’une rue, l’objectif saisit au vol quatre fillettes survolant le pavé, portant robes longues et tabliers, les cheveux s’échappant de chapeaux soignés. Au second plan, un homme pressé, un chantier, des maisons en équilibre au-dessus de l’eau, inondées de soleil. Une scène de rue ordinaire ? Pas seulement. Une métamorphose aussi : celle d’Amsterdam et de ses habitants à l’aube du XXe siècle.
Jusqu’au 22 janvier 2012, l’Institut Néerlandais de Paris présente, en collaboration avec le Rijksmuseum, une importante rétrospective des photographies de George Hendrik Breitner. Célèbre essentiellement pour ces tableaux de vues urbaines, le peintre recourt ici au tout nouvel appareil photo portatif et à la pellicule rapide pour livrer le portrait d’une ville en pleine évolution. Les chevaux y côtoient les tramways, les dames élégantes s’y mêlent aux ouvriers de chantier, les faubourgs du XVIIIe siècle accueillent de grands travaux. Les instantanés urbains, délibérément flous, laissent entrevoir l’animation de cette métropole engagée dans le siècle. Cent ans plus tard, le visiteur de l’exposition est saisi par un trouble sentiment de familiarité, mêlé d’une inquiétante étrangeté : si lointaine et si proche, la capitale des Pays-Bas oscille entre vie champêtre et modernité.
La modernité, c’est aussi celle de l’œil du photographe. Jouant avec les possibilités offertes par le médium photographique, Breitner porte un regard singulier sur les vies qu’il fixe sur la pellicule. Le travail de cadrage, les contrastes de lumières marqués, l’utilisation de la contre-plongée, créent l’illusion du mouvement. Pris sur le vif, les passants semblent traverser l’image à toute vitesse, et attirent pour ainsi dire le spectateur au cœur de l’image. Un hymne à la ville et aux formes qui l'habitent.
Breitner Pionnier de la photographie de rue, du 3 novembre 2011 au 22 janvier 2012, Institut Néerlandais, 121 rue de Lille, 75007 Paris. Tarifs : de 2 à 4 euros.
Johanne Peyras