Non ! Ami lecteur… Ne te méprends point, l’expérience que je vais te conter là n’est pas celle que tu crois. Il est question ici de culture, et qui dit culture aujourd’hui dit souvent nouveaux lieux de création, à la périphérie des arts mainstream et à la périphérie des villes. Et c’est justement dans un de ces hauts-lieux du fourmillement artistique – Le Centquatre – que l’on peut vivre, jusqu’au 4 mars, une aventure renversante. Suivez le guide…

Réparties dans trois lieux, les installations à taille humaine de Leandro Erlich et Ann Veronica Janssens mettent nos sens à l’épreuve.

Sous la Halle Aubervilliers, le visiteur est invité à déambuler sur la façade d’un bâtiment imposant qui, par un savant effet de miroir, donne l’impression d’être en position verticale. Les lois de la gravité ainsi défiées, il sera alors facile de grimper aux balcons ou d'escalader les murs sur cet espace pour le moins insolite.

Dans l’Atelier 3, le visiteur se retrouve perdu dans un labyrinthe de cabines d’essayage – toutes identiques – disposées en enfilade. Jeux de miroir toujours, il s’agit là d’une mise en abyme qui rend compte de la fascination du plasticien argentin pour les espaces infinis. Dans ce lieu dadaïste qui rappellerait presque une attraction étrange de la Foire du Trône, le visiteur peut traverser les miroirs à sa guise. Une expérience qui brouille nos perceptions dans un lieu pourtant si familier…

Dans les Ateliers O et 2, c'est dans un espace à la lumière blanche aveuglante que l'on pénètre. Un dense brouillard fait que le visiteur ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Aucuns repères donc, si ce n'est les cris affolés des enfants qui courent (un conseil: évitez le mercredi). Premier réflexe ? Toucher un mur, une surface, quelqu'un et trouver une issue. Puis, après avoir vécu ces premières minutes déroutantes, on se laisse aller dans un autre espace : une autre salle, baignée de rouge cette fois-ci, où l'on peut vivre de nouvelles sensations.

En brouillant les frontières entre perception et représentation, les deux artistes remettent en question nos habitudes. Et la magie opère.

In_perceptions, au 104 jusqu’au 4 mars 2012.
Espaces Aubervilliers
Avec Leandro Erlich et Ann Veronica Janssens
Les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 19h
Nocturne les vendredis de 18h à 21h
Métro Riquet


Marie Bédrune

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