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Le système éducatif d'aujourd'hui, débarrassé des châtiments corporels et autres pratiques traumatisantes, et porteur d'un idéal universel (école gratuite et obligatoire) est-il encore suffisamment ouvert à tous ? Son objectif de produire de bons citoyens ne crée-t-il pas un carcan qui formate les enfants, rejetant les individus rétifs ?

C'est la question centrale du 20 novembre, écrit à partir du journal publié sur Internet d'un adolescent allemand parti un matin massacrer professeurs et élèves de son ancien lycée, avant de se suicider. Une pièce brute qui met en lumière ces enfants incapables de se conformer au système et de ce fait stigmatisés, brimés, par leurs professeurs et les autres enfants, qu'ils croyaient à tort leurs semblables. Une situation qui conduit au désespoir le plus complet, sans issue heureuse possible. "Pas de retour possible", dit le personnage. 

Un sujet qui met mal à l'aise, surtout lorsque Sébastian (Laurent Cazanave) interpelle le public : "Vous n'êtes pas innocents." Lorsque le collectif écrase l'individu, tous les individus en sont responsables. Difficile, donc, de mettre à distance. La magie du théâtre vous fait exploser le désespoir au visage, sous des lumières tour à tour froides, chaudes, crues, jamais neutres. Replongez-vous dans votre propre passé, ce garçon va sûrement vous rappeler quelqu'un.

Le 20 Novembre, de Lars Norén, mis en scène par Stéphane Valensi. Avec Laurent Cazanave. Lumières de Pierre Gaillardot.

Mathilde LOUARN