Une expo à la mode

ven, 10/26/2012 - 18:06 | Ajouter un commentaire

Le musée d’Orsay accueille cet automne une exposition magistrale : « L’Impressionnisme et la Mode ». Celle-ci traversera ensuite l’Atlantique pour être dévoilée au public américain au Metropolitan Museum of Art, à New-York, puis à l’Art Institute de Chicago. Lumière ! 

Orsay n’en finit pas d’éblouir. Après avoir fait peau neuve voici plusieurs mois, le musée présente aujourd’hui quelques-uns des trésors de la peinture impressionniste. Manet, Monet, Renoir, Degas, Caillebotte, Morisot : qui, mieux que ces peintres de la lumière, pouvait alors rendre compte de la richesse d’une étoffe, de ses reflets chatoyants ou de l’harmonie des couleurs ? La fin du XIXe siècle est une période faste pour le vêtement, qui voit fleurir grands magasins et revues de mode. Preuve de cet engouement, Mallarmé lui-même signait, sous le pseudonyme de Marguerite de Ponty, les rubriques féminines de La Dernière Mode. L’exposition pose aussi la question des rapports entre mode, apparence et artifice. Les impressionnistes s’en saisissent : Manet peignait souvent des robes fantaisistes et parait sans vergogne ses modèles de tenues inappropriées à l’heure du jour ou de la nuit capturée par son pinceau.

Les choix muséographiques font résonance à cet esprit d’artifice. Guy Cogeval, président du musée et commissaire de l’exposition, a demandé au metteur en scène Robert Carsen d’en être le scénographe. Précurseur, en France, d’une muséographie résolument moderne, il a notamment réalisé l’exposition consacrée à Marie-Antoinette au Grand Palais, en 2008. Cette fois encore, sa dramatisation interpelle : le visiteur passe devant une galerie de robes d’époque, rendues à leur splendeur originelle, s’arrête admirer les portraits en pied de dames élégantes dans une salle transformée en catwalk, aux murs habillés de miroirs et bordée de chaises Napoléon III. Dans la salle des tableaux de l’intimité aux murs tapissés, on se sent presque envahi par les fragrances de ces flacons de Guerlain enfermés dans les vitrines. Au cœur de la dernière salle, consacrée au « pleinairisme », on admire, au son du gazouillis des oiseaux, de grandes toiles (Le déjeuner sur l’herbe de Manet, Les demoiselles des bords de la Seine de Courbet), tout en foulant du pied le gazon artificiel. 

Le visiteur se fait aussi érudit en histoire du vêtement : le passage de la crinoline à la tournure est amplement illustré. On apprend que, selon l’occasion, il convient de porter un corsage « à petite basque et à manches évasées en pagode » ou « largement décolleté, à petits mancherons et très pointu pour affiner la taille » et toutes sortes de choses encore en matière de passepoil et de passementerie. Un défilé d’antan où la vie moderne est restituée par la peinture.

 
Juliette Lambron
 
L’Impressionnisme et la Mode ; Du 25 septembre 2012 au 20 janvier 2013 ; Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 ; 01 40 49 48 14, www.musee-orsay.fr ; 9,5-12 €.

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