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« Eden Sans Issue », compte-rendu de la visite du Théâtre de l'Athénée

Qui n'a pas rêvé un jour de passer les « accès privés » de ces lieux prestigieux ; ces portes closes des opéras et des théâtres dont la simple architecture nous met déjà en émoi ? Grâce à Alexandra Maurice, responsable des relations publiques, j'étais autorisée à me perdre dans les couloirs du Théâtre de l'Athénée et à visiter les niches cachées de cet édifice de caractère.

Mais tout commença réellement à l'extérieur. Immobilisée devant la façade de l'ancien Eden-Théâtre, les lustres du hall d'entrée illuminaient déjà ma visite. Me parurent alors absurdes toutes ces balades qui m'avaient menée autour de ce bâtiment sans jamais en avoir remarqué l'existence. Du haut de ses cent vingt-neuf ans, il avait beau être classé « monument historique » en France, rien de lui ne m'était familier. Puis vint à moi Alexandra Maurice, prête à combler mes lacunes historiques et ma toute nouvelle curiosité. Ainsi, le tapis rouge de l'Athénée nous entraîna à travers sa propre histoire et sa petite participation à ce que fut jadis l'Eden-Théâtre. Treize ans après sa construction, ce dernier, trop couteux, fut réduit à sa simple salle de l'« Athénée », que l'on associa plus tard à la gloire de Louis Jouvet. Je m'arrêtai d'ailleurs devant cette carte qui dessinait les tournées mondiales du célèbre homme de théâtre. Elle surplombait l'escalier qui menait aux corbeilles où étaient assis auparavant les spectateurs qui souhaitaient se montrer.

Alexandra Maurice m'ouvrit la porte de l'étage en question : la vue était à couper le souffle. Face à moi, la scène vide se reposait avant le spectacle du soir. À ma droite, un panorama de la salle or et vermeil nous incluait entre les couches d'orchestre, de balcons et de paradis. « Allons à présent à l'étage supérieur au paradis » me dit justement Alexandra. Puisse le paradis connaître un étage supérieur au sien ? À l'Athénée, oui. « Eden Sans Issue », nous annonçait la dernière porte de garde. À coup sûr, au dessus de l'Eden, il n'y avait plus rien. Un escalier raide, comble de l'ironie, aurait pu nous éconduire et nous rejeter à la « corbeille », mais l’adrénaline nous emmena à destination. Nous étions dans le pôle nord de l'Athénée, là où le lustre central cache ses fils ingrats, là où circulent tous les techniciens pour préparer le spectacle des quelques cinq cent cinquante visiteurs. De ce toit je ne voulus plus redescendre, il avait la poussière et l'obscurité de ma cave, mais l'énergie et les secrets d'un grenier. Soudainement, je me rappelai ce qu'Alexandra Maurice me dit à l'étage inférieur : la légende raconte que Louis Jouvet serait mort dans les bras de Pierre Soulages et au sein de l'édifice. C'était donc cela, j'étais dans l'Eden, dans le paradis de celui qui avait mis en scène Giraudoux et sa Folle de Chaillot. J'étais au plus près de l'histoire et je compris aussitôt le plaisir avec lequel Alexandra me faisait visiter sa seconde demeure.

Je pouvais à présent la suivre partout, tout me semblait merveilleux et légendaire. Je me voyais marcher sur les pas de Louis Jouvet alors que j'empruntais les mêmes escaliers et les mêmes couloirs quelques minutes auparavant. Revenant à la réalité, je posai mon regard sur la salle « Christian Bernard », cette pépite cachée et privatisée à de rares occasions. « Marie Antoinette aurait eu plaisir à y jouer », pensai-je, tant tout y paraissait intime et secret. J'imaginais un tas de monologues et de petits concerts remplir la salle de leur voix et de leur son quand Alexandra me coupa dans mes pérégrinations : la visite était terminée. Oui, peut-être, mais l'emprise de l'Eden-Théâtre sur moi ne venait que de commencer. 


Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet, 24 rue de Caumartin 75009 Paris

Christelle F. 

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