À coups de publicité massive et plus d’un mois avant la date fatidique, les grands magasins ont dévoilé depuis quelques semaines leurs vitrines de Noël. Féerie et mises en scène scintillantes s’invitent boulevard Haussmann. Mais petit Papa Noël, s’il t’arrive de descendre du ciel, ne t’épuise plus à passer par là, il n’y a plus de place pour toi !

 

Une fois de plus, les grands couturiers, cette année Louis Vuitton et Christian Dior, ont pris d’assaut les vitrines de ces temples du luxe que constituent Galeries Lafayette et Printemps. Adieu jouets, poupées, circuits et voitures à gogo. Désormais, robes en tulle, mobilier délicat et bijoux hors de prix feront le spectacle. En temps de crise, où l’insouciance des fêtes de Noël est plus que la bienvenue, il n’est pas abusif de penser que ces vitrines, plus que le miroir de Noël, sont celui d’un luxe dont la magie n’est accessible qu’à un petit nombre. Avec cette invasion, c’est un peu de leur âme que perdent à la fois les magasins et la fête de Noël, chaque année un peu plus désacralisée.

Mais si l’enfance est moins présente, la féerie n’a pas pour autant disparu de ces vitrines qui offrent toujours un univers fantasmatique traversé par ces mêmes rêves cotonneux. Scènes enneigées, séance de patinage tout en élégance, princesse dans son carrosse tiré par une licorne, fête foraine magnifiquement reproduite, on est émerveillés par ces décors minutieusement travaillés et on ne peut s’empêcher de voir dans ces dizaines de poupées la trace de l’enfance, fardée sous des robes haute couture. C’est en musique que le voyage dans cet autre espace-temps s’opère, aux sons de mélodies enjouées, de mots doux et de rires prêtés aux poupées animées par leur gracieuse mécanique.

Finalement, ces vitrines ne traduisent-elles pas un étrange mouvement de va-et-vient entre un passé révolu et un avenir tout à construire ? Parce que si elles ont pour but d’attirer des foules de touristes qui possèdent le monopole du luxe dans la capitale (ces enjeux commerciaux sont à peine dissimulés par les magasins tant la débauche de moyens est ahurissante), elles sont aussi cet idéal rêvé pour des milliers de Parisiens qui ne considèrent le secteur du luxe que comme un rouage de plus dans leur imaginaire. Pas besoin, donc, de sortir son porte-monnaie pour pouvoir en profiter.

Il est 23h passées et dans l’obscurité automnale, les vitrines brillent plus intensément. La foule parisienne n’est plus aussi dense. Il est temps pour les grands enfants, ceux pour qui le couvre-feu n’a pas encore retenti, de se poster docilement devant ces vitrines. L’enfance n’est finalement pas si loin et, sur les trottoirs, on se plaît à penser que, malgré la vigueur du froid, ces vitrines semblent aménager en plein Paris un espace propice à la poésie, où « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »

 

Constance D.

Les vitrines de Noël à Paris c'est partout : boulevard Haussmann pour les Galeries Lafayette et Printemps, rue de Sèvres pour le Bon Marché et rue du Temple pour le BHV. 

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