Une petite coupe de cheveux ?

 Il y a comme un vent de panique au Théâtre des Mathurins à Paris : un meurtre vient d'être commis - vite, le coupable ! Est-ce la coiffeuse ? Le coiffeur ? L'un des clients ? C'est aux spectateurs de résoudre l'enquête... Dans ce voyage au coeur d'une énigme policière, il n'y a plus de frontière entre public et comédiens. On passe de la scène à une scène de crime, tout simplement. 

À première vue, Dernier coup de ciseaux est une pièce comme les autres : on arrive, on s'assoit, puis, passivement, on entre dans l'histoire. La scène représente un salon de coiffure où Romain - un coiffeur très maniéré - et sa collègue Réjane attendent leurs clients. Yan Mercoeur et Madame Biovet apparaissent dans le salon et viennent se faire shampouiner. Mais tout à coup, c'est le drame : Réjane, qui était sortie, revient en trombe dans le salon pour annoncer un meurtre, celui de la vieille voisine du dessus. Interviennent alors deux policiers, le capitaine Solivérès et son adjoint, Bruno Sanchès.

C'est sans attendre que le capitaine prend à parti le public: qu'avez-vous vu de bizarre, de choquant ? Quels détails ont changé ? Suspectez-vous déjà l'un des protagonistes ? À l'instar d'un Cluedo géant, le public est appelé à déchiffrer les signes qui pourraient trahir le ou la coupable. La scène devient un lieu interactif et l'enquête évolue sous les yeux des spectateurs. Le sérieux n'empêche en rien l'humour, présent du début à la fin de la pièce, et même pendant l'entracte. En effet, le capitaine Solivérès vient à la rencontre des spectateurs (à l'extérieur du théâtre ou au bar), carnet de notes à la main, afin d'amasser le plus d'informations possible sous les yeux ahuris des passants.

Au final, un vote démocratique à main levée désignera celui dont la culpabilité ne fait plus de doute...

On note ici le grand talent des comédiens: chaque soir, le public est différent, et par conséquent, le déroulement de l'enquête l'est également. Les artistes, tout en se laissant aller à un véritable jeu d'improvisation, restent fidèles à leurs personnages.

Cette pièce originale de Paul Pörtner - ici mise en scène par Sébastien Azzopard - c'est aussi une longévité et un succès populaire incroyable: trente ans de représentations aux États-Unis et neuf millions de spectateurs ! Une performance qui figure au Livre Guinness des records.
Dernier coup de ciseau sort des sentiers battus et permet une approche originale du théâtre. Tout en restant assis, on se projette sur scène. Une belle aventure !


F.E.


Dernier coup de ciseaux, Théâtre des Mathurins, 36, rue des Mathurins (VIIIe). Tél. : 01 42 65 90 00. Places : de 18 à 34 €.