J'y vais ou Giverny

lun, 07/01/2013 - 23:03 | Ajouter un commentaire

Les affiches se multiplient dans les couloirs du métro ; alors que les grandes vacances approchent, les escapades sont plus que jamais d’actualité. C’est ainsi que Giverny fait office de destination pittoresque idéale et interpelle les passants : la campagne à moins d’une heure de Paris, c’est possible. Et les tableaux de Monet grandeur nature, c’est là-bas que ça se passe. Et si, le temps d’une parenthèse rurale, on allait revoir la Normandie ?

C’est un bus qui se charge de déverser des flots de touristes dans ce village tranquille qui se limite à deux grandes rues parallèles. « A l’heure où blanchit la campagne », ces pèlerins d’un style particulier viennent tout à la fois se ressourcer dans la nature et tenter de percer le mystère d’un style pictural révolutionnaire du XIXème siècle. Une révolution qui trouve son origine dans un jardin.

C’est donc tout naturellement que la promenade bucolique le long du Ru nous mène à ce qui fut la maison de Claude Monet. Si la visite de la maison ne présente que peu d’intérêt, le jardin lui, ouvre des horizons bien plus vastes, un monde où couleurs et odeurs se répondent. Les fleurs y prennent toute la place et on ne peut s’empêcher de voir dans ce foisonnement floral un peu du style diffus du peintre impressionniste. Mais dans ce jardin, et contrairement aux toiles de l’artiste, il faut savoir garder en éveil tous les sens, et notamment l’odorat. Les fleurs y déploient tout un éventail de senteurs aux palettes multiples. Après y avoir exploré toutes les variétés florales rassemblées, il faut alors traverser la route pour découvrir le jardin d’eau qui abrite le célèbre pont japonais et ses nénuphars. La promenade se poursuit autour de l’étang où l’on marche sur les pas de l’artiste, où l’on s’amuse à en deviner les endroits favoris. On en ressort avec l’impression persistante d’avoir fait une incursion dans un tableau.

L’impressionnisme a marqué le village à tel point qu’à Giverny, on est peintre impressionniste ou on ne l’est pas. Le musée des impressionnistes, dans lequel s’expose la même idée d’une peinture intimement personnelle et pourtant ouverte sur le paysage extérieur, offre une vitrine aux facettes multiples d’un mouvement pictural qui continue d’inspirer. En ce moment, c’est Paul Signac qui s’est emparé des lieux. Ses toiles, aux couleurs affirmées et aux coups de pinceaux assumés, disent bien l’exigence d’un regard profondément intime porté sur le paysage.

Dans les rues étroites de Giverny, les artistes exposent leurs tableaux, forcément impressionnistes. Les roses fleurissent aussi bien sur les toiles que dans les jardins, faisant de la visite un incessant va-et-vient entre peinture et réalité, faisant du village un musée à taille humaine. Il est parfois difficile d’en repartir. On dit même que certains se plaisent à rater le bus. Et à prolonger l’expérience, le temps d’un coup de pinceaux. 

Constance D.

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