La semaine dernière est sorti en salles Interstellar, le dernier film du réalisateur Christopher Nolan, auteur de la trilogie The Dark Knight, d'Inception ou encore de Momento. Cet enfant gâté d’Hollywood a su ces dernières années réconcilier la critique avec le genre du blockbuster, et réconcilier le public avec les scénarios audacieux.
    Interstellar, qui raconte l’exploration scientifique la plus décisive dans l’histoire de l’Humanité (des astronautes partant à la recherche de planètes habitables pour sauver la race humaine d’une Terre en fin de course) s’annonçait déjà comme le film le plus gargantuesque de Nolan au vu de la campagne de marketing transmedia à l’envergure phénoménale lancée pour la promotion du film. La Paramount, productrice du film, s’est associée notamment avec IMAX pour créer une expérience immersive utilisant le casque de réalité virtuelle « Oculus Rift ». Ce dernier a été utilisé dans le cadre d’avant-premières, les participants pouvaient embarquer à bord du vaisseau «Endurance » (recréé à l’identique) et expérimenter la vie à bord, sans gravité, visiter l’intérieur du vaisseau avec une vision 360 degrés. Au-delà de l’expérience Oculus Rift, la Paramount s’est associée au géant Google pour promouvoir Interstellar à travers différentes plateformes. En effet, les contenus du site inernet d’Interstellar sont liés à plusieurs plateformes de Google comme : Google for Education, Google+, Google Play ou encore Youtube. A travers l’ « Interstellar Space Hub », l’utilisateur est invité à explorer le système solaire pour découvrir différentes facettes du film telles que des interviews, des vidéos du tournage, des fonds d’écran, les derniers trailers ou encore de véritables leçons de mathématiques et sciences venant de la plateforme Google Education. Enfin, le site s’accompagne d’une application créée par Paramount Digital Entertainment consistant en un jeu dans lequel les joueurs sont amenés à créer leur propre système solaire et à piloter un vaisseau.
    Cette campagne promotionnelle plus grande que nature a-t-elle porté ses fruits ? Qu’en est-il des entrées réalisées en salle au bout d’une semaine ?
    Télérama souligne un démarrage timide pour le blockbuster intergalactique : “Avec 91064 entrées en France mercredi, le nouveau film de Christopher Nolan, Interstellar, réalise un démarrage légèrement en deçà des attentes.” [...] A titre de comparaison avec un autre film qui se déroule dans l'espace, Interstellar a fait pour son premier jour en France deux fois moins d'entrées que Gravity.” Sorti vendredi dernier aux Etats-Unis, le film a été battu par le familial Les Nouveaux héros de Disney.
    Ce dernier opus de la filmographie de Nolan aurait-il semé les spectateurs dans ses profondeurs ?
 
 
    Pour le moins, il est vrai qu’Interstellar nous emmène dans tous les extrêmes, et regorge de contradictions.
La première partie du film nous fait découvrir une planète Terre exsangue, rurale et nauséabonde, non sans rappeler Les raisins de la colère de Steinbeck, alors que la deuxième partie nous emmène dans les obsessions les plus futuristes aux accents kubrickiens du réalisateur. Matthew Mc Conaughey, en sauveur de l’Humanité, cristallise à sa façon les grands écarts stylistiques de Nolan : son interprétation est saisissante bien qu’assez monotone et franchement anachronique. En effet avec son air mutique et son léger accent texan digne d’Il était une fois dans l’Ouest, son personnage fait l’effet insolite d’un cowboy enfermé dans une combinaison d’astronaute. Quant aux seconds rôles, on regrette leur traitement trop léger malgré un casting exceptionnel: Anne Hathaway est décevante, Jessica Chastaing, Matt Damon et Casey Affleck se voient offrir des partitions scandaleusement superficielles.
    Les dialogues, souvent trop plats ou trop fumeux, nous assomment tour à tour à coup de glose scientifique ou de considérations spirituelles. Ici se joue une autre contradiction : on ne peut que louer l’entreprise de vulgarisation scientifique de ce film (je n’avais jamais vu la théorie de la relativité d’Einstein aussi bien exploitée dans un film par exemple), cependant le dénouement hautement métaphysique brouille les pistes. Symptome d’un conflit essaime dans toutes les réalisations de Nolan: la tension entre la science et le bien, entre la raison et l’amour.
     Une réussite du film est la relation fusionnelle entre le personnage de Mc Conaughey et sa fille. Souvent appuyée par la musique parfois trop pléonastique de Hans Zimmer, cette intrigue nous émeut et renforce la portée du film. Plus que la science, c’est l’amour que Nolan place comme réponse à l’obscurantisme et au désespoir.
    Visuellement et scénaristiquement, Nolan se montre encore une fois un maître de l’emphase dramatique avec une maîtrise vertigineuse du montage et des effets spéciaux. Dans ce film, le système s’enraye, et au lieu de nous surprendre, le dénouement d’Interstellar est alourdi par un pompiérisme excessif.
 
    L'on attendait d'Interstellar un voyage sans retour vers une modernité cinématographique décoiffante, mais on sort de la salle comme on sort du Space Mountain à Disney Land : impressionnés, désorientés, mais rien qu’une barbe à papa ne fera pas oublier.
 
Milena Mc Closkey.
 

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