Les Oiseaux reviennent au théâtre
ven, 11/21/2014 - 14:42 | Ajouter un commentaire
La compagnie ildi ! eldi est née d’un groupe d’amis qui désirait faire du théâtre avec humour, simplicité et surtout avec plaisir. Sur scène, on ne voit en général qu'un homme et une femme. Avec le temps, le collectif est devenu un espace de recherche et de création, il s’interroge sur le décloisonnement de l’écriture de plateau et sur son renouvellement. Ce sont donc des œuvres originales que nous livre la compagnie en utilisant plusieurs formes artistiques.
Avec le « Nouveau Ciné Club », présenté au 104 depuis le 13 novembre, ildi ! eldi revisite trois classiques du cinéma, « Les parapluies de Cherbourg », « Alien » et « Les Oiseaux ». Ils s’interrogent sur l’art de perturber le spectateur, car pour eux, ces films sont des perturbateurs.
On assiste donc à une création « triangulaire » (texte, écran, scène) dans laquelle le collectif pose les questions du ressenti et des émotions engendrés par les films.
« Les Oiseaux reviennent », Ciné Club 3
Quand on entre dans la salle, ce qui frappe en premier c’est la simplicité de l’ensemble. Sur la droite du plateau se trouve un canapé, en fond de scène un écran géant et sur la gauche, une table avec du matériel pour le son et la vidéo. Lui (Antoine Oppenheim), assis sur une chaise de bureau, se trouve derrière la table. Elle (Sophie Cattani), debout, semble s’entretenir avec lui. Le public s’installe, la lumière est pleine sur l’ensemble de la salle. Au bout d’un moment, elle commence à parler de plus en plus fort, tout en gardant un ton de discussion. Le public comprend, se tait et le spectacle commence.
Le début du Ciné Club 3 est symptomatique de l’ensemble de l’œuvre. Quarante-cinq minutes pendant lesquelles le public a l’impression d’être dans le salon de ce couple, de regarder dans leur canapé le film Les Oiseaux, de se poser les mêmes questions qu’eux. Tout a l’air naturel. Alors bien sûr, il y a la beauté des mots, un discours qui parfois dépasse la simple conversation (ils ont travaillé avec l’écrivaine Olivia Rosenthal) et pourtant, on s’y fait rapidement, comme si il n’y avait rien de théâtral ou d’artificiel là-dedans. Si bien qu’on en vient à se demander si les vêtements qu’ils portent sont des costumes de scène où ceux qu’ils avaient déjà enfilés pour l’ensemble de la journée. Alors, lorsqu’ils se demandent quel plaisir on prend à avoir peur, lorsqu’ils interrogent l’importance du souvenir dans le plaisir, on ne met pas de distance, on réfléchit avec eux. Ils vivent devant nous et avec nous. Et alors qu’ils abordent des sujets de fond, ils parviennent tout de même à nous faire rire en tournant en dérision le film d’Hitchcock dont les images sont en permanence présentes en fond de scène (avec parfois même des minutes dans le noir, consacrées à un extrait).
Ce spectacle pose des questions sans pour autant mettre le spectateur mal à l’aise. On sort de la salle sans migraine mais avec le sourire. On s’interroge mais avec douceur, heureux d’avoir passé un agréable moment, d’avoir pu découvrir ou redécouvrir un classique du cinéma, d’avoir pu partager presque une heure avec des artistes qui nous semblent très proches. Un duo, un couple au jeu simple et percutant, un travail audiovisuel intéressant et réellement central dans l’œuvre, des questions sur la peur, le plaisir, le désir, l’amour: voilà comment résumer ce troisième Ciné Club.
Pour ceux qui regrettent de ne pas avoir pu assister aux représentations, ce samedi, le 104 propose une journée Ciné Club, les trois spectacles peuvent être vus à la suite. Une bonne idée de sortie.
Information complémentaires sur le site du 104
Article écrit par Lore Apestéguy et Charlène Bouchard