Marjane Satrapi, une femme-orchestre!
Soumis par Mathilde Fouillet le jeu, 01/28/2016 - 23:35Connue au départ pour ses talents de dessinatrice de bande dessinée, Marjane Satrapi révèle une femme pleine de ressources en touchant à plusieurs domaines artistiques. Découvrons cette artiste à travers sept de ses œuvres.
Le Soupir ou La femme dessinatrice de conte
L'instrument de musique de notre femme-orchestre est tout simplement le crayon. À coup de crayon Marjane Satrapi nous dessine les 1001 nuits dans le conte Le Soupir. A mi-chemin entre l’univers enfantin et adulte, la femme dessinatrice nous embarque dans la vie de trois soeurs et de leur père qui leur promet à chacune un cadeau au retour d’un voyage. une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties et un dénouement…nous sommes bel et bien dans le format d’un conte. Sauf que dans ce conte en couleur, Marjane nous apprend que la vie n’est peut-être qu’un soupir mais qu’il est enivrant et qu’il ne faut pas manquer d’éprouver.
Broderies ou La femme dessinatrice incorrecte
Dans Broderies (2003), le crayon de Marjane Satrapi lève le voile sur les clichés concernant les femmes soumises dans la région du Moyen-Orient. Marjane Satrapi met en illustration une discussion de femmes iraniennes à l'abri des oreilles de leurs maris partis faire la sieste. Elles abordent alors librement les sujets jugés tabous dans ce pays comme le sexe, l'amour, la politique ou encore leur condition de femme… Et comme dirait la grand-mère de Marjane dans la bande dessinée « Parler derrière le dos des autres est le ventilateur du cœur ».
Poney Rose ou La femme parolière juvénile
Avec Philippe Katerine, Marjane Satrapi écrit, en 2009, les paroles de la chanson Poney Rose (lien youtube) pour l'album Glamour à mort ! d'Arielle Dombasle. Ne cherchons pas de message caché ou de métaphore dans les paroles, il n'y en a pas puisque la chanson reste très enfantine. Le choix des paroliers n'est pas dû au hasard. L'album est sans aucun doute placé sous le signe de la dérision et de l'absurde et Arielle Dombasle rend hommage au mouvement des pulp comics. Il semblait alors évident de faire appel à notre fameuse dessinatrice de bande dessinée.
Préliminaires ou Le femme illustratrice en couleurs
Marjane Satrapi, en 2009, est l'illustratrice de l'album Préliminaires du chanteur Iggy Pop. Contrairement à ses bandes dessinées où les dessins ne devaient pas prendre le pas sur le texte et donc étaient en noir et blanc, l'artiste mêle sobrement le rouge et le jaune pour l'album. Son magnifique crayon devient alors stylo quatre couleurs. Sur son illustration elle confronte la vie et la mort. Un squelette en costume noir fait face à une femme dont la moitié du corps est colorée en rouge et l'autre en jaune. Ce dessin colle alors à merveille avec la neuvième chanson He's dead/She's alive. Marjane Satrapi fait également un clin d’œil à la France en intégrant au dessin deux verres de vin rouge puisque l'album du chanteur anglais se veut très frenchy. En effet, Iggy Pop s'inspire pour son album du livre La possibilité d'une île de Michel Houellebecq et reprend deux chansons françaises.
The Voices ou La femme réalisatrice schizophrène
Et voilà que le coup de crayon de Marjane Satrapi se fait remplacer par une caméra, instrument peu commun pour cette dessinatrice de bande dessinée. The voices, sorti en 2015, est l'un de ses films en prise d'images réelles. Ce long-métrage met en scène un schizophrène serial-killer délirant. Jerry, employé dans une usine fabriquant des baignoires, croit entendre les voix de ses animaux domestiques ; il se met alors à leur ordre et commence à tuer. Ce film lie des genres improbables : la comédie et le thriller, mélange adoré de l'artiste. Alors soit on plonge tête baissée et on en redemande, soit on ferme la porte effrayé. Quoi qu'on en pense, ce film montre la patte loufoque et déjantée de la femme qu'est Marjane Satrapi.
La femme peintre de ces desmoiselles
En 2013, c'était un pinceau que Marjane Satrapi avait dans les mains. Elle exposait alors ses peintures pour la première fois, à la galerie Jérôme de Noirmont. N'arrête donc jamais une femme-orchestre. Ce sont douze portraits de femmes fortes et indépendantes qui y sont affichés. Un auto-portrait nommé Sans titre (lien du tableau sur google image) apparaît dans la série. On reconnaît l'artiste assise et vigoureuse sur une grande acrylique sur toile. Les couleurs safran, bleu et jaune, loin des couleurs de Persepolis sont inspirées de ses souvenirs de jeunesse à Téhéran et se retrouvent dans chaque portrait.
La bande des Jotas ou La femme actrice qui ne vaut pas un jota
C'est dans son propre film La bande des Jotas, sorti en 2013, que Marjane Satrapi passe pour la première fois devant la caméra dans le rôle principal. Elle incarne le rôle d'une femme mystérieuse et excentrique dont la sœur a été tuée par une mafia dans laquelle tous les noms des membres commencent par la lettre J. Elle demande alors du renfort à deux joueurs de badminton et les embarque alors sur les routes espagnoles pour se confronter à la bande des Jotas. Elle a voulu faire ce film dit expérimental pour s’éloigner « des grosses productions » et du confort économique. « Après chaque gros film, je ferai désormais un film expérimental » affirme-t-elle dans une interview.
Juliana Ferral