Marjane Satrapi en 7 mots
Soumis par Alice Sammut le ven, 01/29/2016 - 12:101. Réalisatrice (français) - Marjane Satrapi est une réalisatrice française et iranienne. Elle est entrée en France par la langue. Celle de Victor Hugo et de François Truffaut, dont elle a découvert les films à Téhéran, àla fin de son adolescence. A moins que ce ne soit la France qui ait pris d'emblée, presque naturellement, ses aises avec elle, s'installant en cousine dans la vie de Marjane Satrapi ? La dessinatrice de Persepolis a fréquenté, "comme tout enfant de la bourgeoisie iranienne", les écoles bilingues, françaises et catholiques. Dans sa famille, la France et sa culture sont une vieille habitude. Ses parents, comme ses grands-parents, sont venus en voyage dans l'Hexagone. Deux de ses cousines sont professeurs de français, l'une aux Etats-Unis, l'autre au Canada. Et c'est en France, où Marjane Satrapi allait déjà, petite, en colonie de vacances, qu'elle a appris ses premiers gros mots, en même temps qu'elle s'initiait aux Choco BN et aux bulles roses des chewing-gums Malabar. "Le français est une langue tellement belle. C'est comme jouer de la flûte", dit-elle en sirotant un Coca light débordant de glaçons, attablée à la terrasse d'un café parisien de la rue de la Roquette. Ses villes préférées, après Paris ? Celles de la côte méditerranéenne. Nice en particulier, à cause des vieux. "Ce sont les gens avec qui je m'entends le mieux, ils ont une expérience de vie supérieure à la mienne", dit-elle. Les vieilles bellâtres aux cheveux décolorés, la nourriture à l'ail, les eaux couleur turquoise et "le côté bimbo" des indigènes azuréens la ravissent. "La France, c'est le centre du monde", conclut-elle avec fougue.
3. Ambitious woman ( femme ambitieuse en anglais) - Son entrée à l'atelier des Vosges, au sein duquel sont associés des dessinateurs comme Émile Bravo, Fabrice Tarrin, Christophe Blain, Joann Sfar, Frédéric Boilet ou David B., lui donne le goût de la bande dessinée. La vraie révélation vient de la lecture de Maus de Art Spiegelman. Elle publie les quatre tomes de Persepolis entre 2000 et 2003 et obtient un grand succès critique et commercial.
4. Duplicator (auteur des bandes dessinées en allemand) - En 2003, elle publie Broderies, nommé dans la catégorie du meilleur album au Festival d'Angoulême 2004. Finalement, son dernier livre, Poulet aux prunes, paraît en 2004, couronné cette fois-ci par le prix du meilleur album. Quant à l'Autriche, Marjane Satrapi garde un souvenir "lugubre" des deux années de pensionnat passées avec des "petits "von Machin" et autres fils de diplomates", inscrits comme elle dans l'école privée catholique de Vienne, où ses parents avaient cru bon de l'envoyer en 1984. Finalement, c'est à Strasbourg - "une belle ville un peu ennuyeuse : un endroit parfait pour travailler" - qu'elle complétera ses études d'art déco entamées à Téhéran, avant d'être admise à Paris parmi les élèves de l'Atelier des Vosges, près de la place du même nom.
5. Laureato (lauréat en italien : Fesltival de Cannes, César etc.) - parmi ses récompenses et titres:Chevalier des arts et des lettres Prix du Jury du Festival de Cannes 2007 pour Persepolis Membre du Jury du 61e Festival de Cannes.
6. Tudeh (iranien) traduit par « Parti des Masses d'Iran » est un parti communiste iranien fondé en 1941. Certains dissent que les parents de Marjane Satrapi sont des membres du parti communiste iranien Toudeh. Tout d’abord, il faut préciser que le Toudeh a essayé de livrer l’Iran aux troupes soviétiques qui avaient envahi le pays. Le Toudeh et ses membres rêvaient de décomposer l’Iran en une multitude de républiques soviétiques pour offrir au camarade Staline un accès sur le Golfe Persique et ses ressources pétrolières. Il n’est aujourd’hui aucun iranien sain d’esprit pour affirmer que ses parents ont été membres de ce parti qui plébiscitait une invasion et une occupation de son propre pays, un peu comme les collabos pronazis qui jubilaient en regardant les troupes du Reich fouler le sol français et se servir comme chez soi dans ce pays. Mais généralement, les Français ignorent cet aspect de l’histoire iranienne et ne connaissent pas le mot Toudeh, imaginant Satrapi comme une fille de gauche. Son appartenance à une famille membre du Toudeh est pour eux, un signe positif. Le problème est que ses parents sont inconnus des 2 vestiges du Toudeh qui habitent en France. D’après l’état civil qu’elle a fourni aux autorités françaises, Marjane Satrapi s’appelle en réalité Marjane Ebrahimi. Elle utilise le nom de jeune fille de sa mère comme nom de plume. De même, il n’y avait aucun Satrapi membre du parti Toudeh. Et Marjane Satrapi n’a jamais cherché à prendre contact avec les deux éminents membres du Toudeh, ni avec aucun autre représentant de ce parti en France, au point que pour ces derniers, « Marjane Satrapi » est une création romanesque envoyée en France pour capter l’attention d’un public de gauche.
7. Havsabborre - bar en suédois. C'est dans un bar du quartier de la Contrescarpe que Marjane Satrapi a rencontré son mari, un Suédois, seule chose qu'elle accepte de dire de lui. Mais c'est dans un grand appartement à la lisière du Marais que le couple habite, "un peu par hasard", et près de la place Voltaire, dans le 11e arrondissement, qu'elle a son atelier. Parmi les cinémas à sa disposition, le Grand Action de la rue des Ecoles reste son préféré : "Ils ont une programmation géniale, et en plus, c'est confortable."
Anna Koriagina