L'art de la rue au musée, ou l'œuvre dénaturée
lun, 11/08/2010 - 21:57 | Ajouter un commentaire
Fin des années 1970 : les murs de Manhattan sont couverts des inscriptions SAMO©. Que signifient ces lettres déployées sous les yeux des passants ? A leur origine, Al Diaz et Jean-Michel Basquiat, deux artistes vivant dans les rues du quartier downtown. SAMO© – Same Old Shit – est la signature d’un personnage fictif qu’ils inventent, dessinant des symboles, inscrivant des phrases (« SAMO© save idiots ») et projetant une myriade de couleurs sur les édifices. Les critiques se bousculent pour voir de plus près ces graffitis qui, selon eux, s’ancrent dans une dimension conceptuelle. Basquiat est alors reconnu par le milieu artistique, collaborant même avec Andy Wahrol. Aujourd’hui, le Musée d’Art moderne de la ville de Paris lui rend hommage pour le cinquantième anniversaire de sa naissance. Jusqu’au 30 janvier 2011, le visiteur pourra donc déambuler à travers des œuvres dont les traits vifs et durs laissent entrevoir un esprit torturé, écorché vif (entre autres, Irony of Negro Policeman, 1981). Un réfrigérateur placé là laisse coi : quelques lettres et un visage déformé tracés au marqueur noir (cf. photo) ont permis à un objet de la vie quotidienne de Basquiat d’être intégré à une exposition dite de grande envergure. Elle l’est, mais uniquement par son ampleur : quelque cent cinquante œuvres y sont présentées. Et pourtant, l’émotion n’est pas au rendez-vous ; en sortant du musée, une question persiste : pourquoi Basquiat a-t-il eu un tel honneur face à la multitude de graffitistes qui exposent dans les rues de Manhattan ? Métis, bohème, bel homme, aimant la fête et mort jeune d’une overdose, l’artiste de Brooklyn a probablement représenté un produit commercial en or relevant du « folklore du rock’n’roll* ».
*tiré du journal de l’exposition
Marion Weber-Massenat
« Basquiat », jusqu'au 30 janvier 2011 ; tarif plein 11€, demi-tarif 5,50 €