Chiller avec Chilly

Un plaisir des esgourdes !

Après plusieurs années d’improvisation, de composition et de nuits blanches passées à la recherche de mélodies, le producteur hors-pair et pianiste talentueux Chilly Gonzales, « Gonzo, » livre son deuxième opus de miniatures intimistes au piano : Piano Solo II. Sélectionnés parmi une centaine de morceaux composés au fil des ans, les quatorze titres de cet album ont été enregistrés en dix jours au Studio Pigalle à Paris, ville de résidence de l’artiste depuis quelque temps.

C’est beau, apaisant, sensible : telles sont les impressions qui ressortent à la première écoute de Piano Solo II. Un son pur, frais et enchanteur. Gonzo démontre une nouvelle fois sa maîtrise de l’instrument et son sens inouï de la mélodie. On est envoûtés, transportés. On tombe rapidement sous le charme de ce piano-conte où chaque titre nous raconte une histoire avec l’agréable sensation de connaître ces morceaux depuis toujours, comme une évidence.

L’album débute sur un magnifique et intime « White Keys » qui ouvre immédiatement les fenêtres de l’imaginaire. Gonzo joue sur les émotions et alterne entre scénettes joyeuses et mélancolie, thème de prédilection du piano. « Minor Fantasy » fait réellement voyager et rappelle la composition d’Erik Satie. Quant au romantisme de « Rideaux Lunaires » et d’« Othello » , il évoque l’élégance d’un dîner amoureux, d’une soirée au coin du feu.

Certains arrangements font sourire et la pointe d’humour est toujours là. Il frappe du pied son piano pour marquer le temps dans « Othello » ou bien clôture « Escher » sur le son du couvercle qui se ferme. On se souvient alors de cet entertainer de génie, de ses shows en robe de chambre et pantoufles. On voyage toujours avec « Nero’s Fortune » et le fabuleux « Train of Thought. » La cinématique de ces deux pièces saute aux yeux et la magie opère, le film apparaît dans notre esprit et procure ce plaisir indescriptible de l’évasion auditive. Sourires intérieurs. Finalement, Piano Solo II peut se résumer par la phrase inscrite dans la pochette du premier opus du genre (Piano Solo), signée Chilly Gonzales lui-même : « Bien qu’on dise du piano qu’il est le plus coloré des instruments, il est en fait noir et blanc, un peu comme un vieux film muet. »

 Avant tout, Gonzo s’amuse. Il s’amuse des possibilités infinies du piano, infinies de l’imaginaire. Un album qui comme son prédécesseur, doit faire partie de votre discothèque (si vous en avez toujours une). Absolument.

B. J. Devier

Piano Solo II, de Chilly Gonzales, EMI Publishing LTD, 13,99€.

Gonzo