De Moscou à Novossibirsk
lun, 11/04/2013 - 10:35
Culture Frances (rebaptisé aujourd’hui Institut Français) a invité en 2010, dans le cadre de l’année France-Russie, quatorze écrivains français à découvrir l’Est de la Russie à bord du mythique Transsibérien et les a convié à décrire ce qu’ils ont vécu dans un ouvrage inspiré de leur aventure. En 2012 est publié aux éditions Inculte L’Alcool et la Nostalgie d’un des voyageurs, Mathias Énard, traducteur et romancier contemporain.
Paris. Trois heures du matin. Mathias reçoit un coup de téléphone, c’est Jeanne. Vladimir est mort. Leur triangle amoureux, perdu définitivement. Moscou a froid et Mathias aussi lorsqu’il arrive, une petite valise de médicaments et quelques heures pluvieuses plus tard, dans la ville « des mille et trois clochers et des sept gares. » Pour accompagner le corps mort et l’âme vagabonde de Vladimir vers sa ville natale Novossibirsk, Mathias va délaisser Jeanne son ultime amour et parcourir les milliers de kilomètres sur les rails qui les séparent de Moscou.
A travers ce texte lyrique Mathias pose à nu ses souvenirs et ses fantômes avec une infinie sobriété. Aux rythmes de la locomotive et des paysages immaculés qui défilent on devient l’autre compagnon de voyage de Mathias, confident et discret. L’Alcool et la Nostalgie nourrit l’âme slave des grands écrivains russes qu’il porte en héritage comme Tchekov, Gogol, Dostoïevski et s’inspire de la poésie française du début du siècle dernier : la voix de Cendrars y résonne subtilement. Dans ce roman poignant l’écriture sensible de Mathias Énard livre un récit mélancolique vacillant entre perte de soi dans les drogues dures et douces que sont l’éther, l’alcool, et Moscou ; ode au désir glacial et à l’amitié fraternelle. L’Alcool et la Nostalgie est un voyage dans les grands espaces du cœur et ses tumultes, c’est aussi le plus bel adieu que l’on puisse faire.
Marylin C.