Fifty Shades of Grey
lun, 11/05/2012 - 18:02
Plus de quarante millions de copies vendues dans le monde et best-seller dans de nombreux pays, notamment en Grande-Bretagne. Non, ça n’est pas d’Harry Potter mais bien de la trilogie Fifty Shades d'EL James qu’il s’agit. Romans destinés à un public… plus adulte.
Fifty Shades of Grey, premier opus de la trilogie Fifty Shades, c’est au départ une histoire d’amour un peu kitsch à la Twilight. Le plus ? Une obsession de l’érotisme et du fantasme qui lui vaut l’appellation de « mommy porn » (porno de ménagère) dans les pays anglo-saxons. Un terme à utiliser au sens large : le roman comprend, certes, des passages érotiques, mais cela tient plus du domaine de la description anatomique que du charnel, et ce, malgré les rapports sadomasochistes entre les deux personnages.
Comme le rappelle le quotidien britannique The Guardian, le roman a bel et bien du succès en France, mais il reste loin de l’érotisme pornographique de Sade – un choc culturel, donc, entre le pays précurseur de la littérature SM et la retenue morale « so British ».
Tout commence lorsqu’Anastasia Steele (Ana), étudiante de 22 ans, tombe sous le charme de Christian Grey, businessman de cinq ans son aîné. Ana est l’anti-héroïne par excellence : maladroite, introvertie et peu sûre d’elle, alors que Christian Grey incarne l’assurance et le charme. Une attraction s’établit pourtant entre les deux protagonistes. Ana, inexpérimentée, se laisse séduire par Christian Grey, adepte de la soumission et des punitions corporelles. Elle découvre ainsi ses propres désirs et accepte de devenir l’esclave sexuelle du businessman. Une histoire d'amour naît de leurs entrevues.
C’est du point de vue d’Ana, soit du personnage soumis, que l’histoire est racontée et c’est sûrement ce choix de narration qui édulcore le côté pornographique du roman – l’innocence de la jeune femme est en lutte constante avec son « inner goddess » (comprendre la déesse qui sommeille en elle). Un peu comme l’ouvrage, Ana Steele se veut érotique et sexy mais n’y parvient vraiment qu’à moitié – ce qui a pour effet d'apporter un certain ridicule aux dialogues :
-« Premièrement, je ne fais pas l’amour. Je baise… brutalement».- « Baiser brutalement ? Merde alors, qu’est-ce que c’est … cochon».
-« Bordel, il renifle ma culotte !»
Le côté novice de la jeune femme fait sourire. Ce qu'il le fait moins, c'est la tendance répétitive de ses dialogues : les phrases sont ponctuées de "Bon sang !", "Oh putain" sans compter les "Ben merde alors"... Ana exprime ainsi son enthousiasme, lorsqu'elle subit son premier châtiment corporel ou découvre l'anatomie voluptueuse de Christian Grey par exemple. La pauvreté du vocabulaire agace tout autant que sa vulgarité. Ả noter cependant : la version française du livre est allégée en insultes, l'auteure ayant préféré faire honneur au public français, "plus lettré", selon elle. Ça n'est pas encore ça.
Qualifié par EL James de « bonne vieille histoire d’amour », c’est plutôt en ces termes qu’il convient de catégoriser Fifty Shades of Grey. C'est d'ailleurs en cela que réside le secret de l'engouement planétaire suscité par le livre – au fur et à mesure du récit, les scènes de sexe dénuées de sentiments laissent apparaître un amour passionné ; le contrat sexuel impliquant un dominant et un dominé s'estompe au fil du livre.
Fort de son succès, une adaptation cinématographique est prévue prochainement. Reste à savoir qui va incarner à l’écran le ténébreux Christian Grey et la délicate Ana Steele… de nombreuses rumeurs courent – on parle notamment d’Emma Watson (ndlr : Hermione Granger dans Harry Potter) pour jouer l’héroïne.
F.E.
F.E.
En VO: Fifty Shades of Grey, EL James, édition Vintage Books.
En VF: 50 nuances de Grey, EL James, aux éditions JC Lattès.