Sorti en France le 23 octobre 2013, le dernier long-métrage d’Alfonso Cuarón, réalisateur d’origine mexicaine, met en relief la prouesse funeste de Matt Kowalski (Georges Clooney) et de Ryan Stone (Sandra Bullock), deux astronautes s’attachant à réparer le télescope Hubble lors d’une mission spatiale, inéluctablement interrompue face à la menace d’une panoplie de débris orbitant autour de la Terre.

L’action du thriller adopte, comme point de départ, un constat de la science moderne soulignant le danger de ces objets résiduaires dans l’espace. Dès lors, son titre semble suggérer d’emblée la dimension impérieuse qu’expriment les lois de la physique. C’est en ce sens que le travail photographique d’Emmanuel Lubezki renforce le regard prodigieusement réaliste de l’œuvre, sublimant la beauté de l’univers, tantôt splendide, tantôt inquiétante. Dans une telle perspective, le spectateur est immergé, dès la première séquence, dans une profonde incertitude face à l’inattendu, voire l’immaîtrisable. Ce faisant, mettant en contraste expression gestuelle et dialogue étriqué, la production cinématographique explore le sentiment de déréliction et de désespoir ressenti par le personnage féminin qui, après la disparition de ses collègues, s’apprête opiniâtrement à regagner la Terre – malgré le nombre d’obstacles concomitants –. Inexorable, la Nature devient alors le principal antagoniste, là où l’homme est absent. À la croisée d’une musique extra-diégétique tournée vers l’esthétisme et de moments de silence incommensurable, Gravity réinvente ainsi, au fil de ses quatre-vingt-onze minutes, un point de correspondance entre art et astronomie. À ce titre, le film n’est pas sans susciter des véritables questionnements sur le caractère contingent de l’être humain face à la puissance du cosmos, dévoilant le chaos qui se cache derrière l’apparente quiétude de l’obscurité céleste.

Mónica Moreno Botero