Histoire secrète des Mongols

ven, 12/16/2011 - 21:22

Les guerriers de Gengis Khan au galop dans les steppes arides, les nomades avec leurs chameaux et toits de feutre, un ciel bleu et immense, le désert de Gobi. Pays encore mal connu en Occident, la Mongolie évoque l'exotisme des aventures lointaines et d'autrefois. Pourtant, derrière ces clichés se cachent un peuple et une histoire complexes. Le musée Albert-Kahn a fouillé dans ses archives pour présenter cet hiver la Mongolie sous un autre angle, celui d'une région en pleine ébullition politique au début du vingtième siècle.
Faisant partie de l'empire Mandchou des Qing, la région mongole était divisée en deux : la Mongolie-Intérieure et la Mongolie-Extérieure. Lorsque les Mandchous sont renversés, la province connue comme la Mongolie-Intérieure devient une province de la nouvelle République de Chine tandis que la Mongolie-Extérieure proclame son indépendance et tombe sous la sphère de l'influence Russe, puis soviétique. C'est à cette atmosphère tendue que Stéphane Passet, opérateur du banquier Albert Kahn, se livrait en 1912 et encore en 1913 pour rendre compte des changements arrivés aux steppes de l'Asie centrale ; il a réalisé un reportage sur place qui comprend une centaine d'autochromes et un film. Le musée révèle, à travers ces images et une dizaine d'objets archéologiques (épées courtes, poignards aux manches ouvragés, miroirs… ) empruntés au musée national des Arts asiatiques - Guimet, quelques secrets de ce pays si énigmatique.
Seules images en couleur de l'époque existantes, les autochromes du Français saisissent l'humanité perdue dans les bouleversements politiques et sociaux de cette période turbulente. Femmes, hommes. Moines, laïcs. Individus, groupes. Architecture, animaux. Rien n'échappe à l'appareil de Passet. (Sauf, bien entendu, les intérieurs des yourtes—beaucoup trop sombres pour des photographies réussies ! ) Les films montrent les voyages hasardeux à travers les paysages sauvages et magnifiques et dans la capitale Ourga (aujourd’hui Oulan-Bator ou « héros-rouge ») où temples bouddhistes et yourtes se trouvent les uns à côtés des autres.
En créant les Archives de la Planète (au musée Albert-Kahn), le banquier français Albert Kahn souhaitait « fixer une fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l'activité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps » : en ce qui concerne la Mongolie, c'est réussi !

Une exposition qui dévoile une nouvelle histoire secrète des Mongols.

"La Mongolie entre deux ères. 1912-1913." Du 29 novembre 2011 au 16 septembre 2012. Au musée Albert-Kahn, 10-14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt. Entrée : 3 €, tarif réduit : 1,50 €.

Catherine Peterson