Il est dix heures, Monsieur Rosnay

sam, 11/12/2011 - 16:32

Il existe un lieu mystérieux, hors du temps, dans le septième arrondissement. C'est une petite enseigne dans la rue de Bourgogne. Sous un dessin de Jean Cocteau, une lourde porte aux allures de poterne médiévale. Elle cache une salle minuscule, encombrée d'objets, masques, piano désaccordé, guitare oubliée et, bien sûr, livres éparpillés. Jusqu'à vingt-deux heures, on peut y boire un verre ou prendre une collation : les gâteaux cuisinés sur place sont exposés à l'entrée. L'accueil est chaleureux, et on s'y sent tout de suite chez soi. Le vieux chat Mic-mic rôde entre les tables, reçoit les hommages des habitués et finit votre assiette si vous regardez ailleurs.


A vingt-deux heures, la porte se referme, l'électricité laisse place aux bougies sur les tables, et la magie peut commencer. Quelle magie ? Celle de la poésie. Les soirées sont à thème (Rimbaud, Pouchkine en russe et en français), parfois confiées à des récitants professionnels, parfois menées entièrement par les habitués qui se répartissent les poèmes.

Car le Club des poètes porte bien son nom. Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay et sa muse Tsou pour "rendre la poésie contagieuse et inévitable", il a accueilli des personnalités aussi prestigieuses que Raymond Queneau, Vinícius de Moraes, Pablo Neruda ou Mahmoud Darwich. Tenu aujourd'hui par son fils, le Club fêtera ses cinquante ans en décembre 2011. Un demi-siècle de sauvegarde et d'hommage à la poésie du monde entier et de toutes les époques. Mais ce lieu chargé d'histoire n'est pas intimidant : chacun peut venir y déclamer un poème, voire présenter ses propres oeuvres. Comme dit Sébastien, un habitué, on y est "en famille". 

 

"Club des poètes", 30 rue de Bourgogne, 75007 Paris. Les mardi, vendredi et samedi soir.

 

Mathilde LOUARN