La bâtarde d'Istanbul - Elif Shafak
lun, 12/09/2013 - 01:00
Cannelle – Pois chiches – Vanille et Noisettes grillées: Voilà comment débute chaque chapitre de ce roman. Ça se passe à Istanbul, dans ces bazars odorants et bruyants. Mais aussi sur l’autre côté de l’océan Atlantique, continent moderne et cosmopolite. Deux familles aux passés liés s’entrecroisent sans se connaître, et nous voici plongé dans une quête : celle de l’identité.
Les Kacanci sont turcs, ils vivent à Istanbul. Cette famille est marquée par l’absence d’hommes. Seules les femmes survivent, non sans quelques difficultés générationnelles. Les Tchakhmakhchian sont arméniens. Ils se sont réfugiés aux Etats-Unis dans les années vingt et sont attachés à leurs traditions. Pour cette tribu, il n’est pas bon de se mélanger, mieux vaut rester entre soi. Asya et Armanoush sont toutes les deux étudiantes. Elles vivent chacune dans leur foyer respectif. La première dans sa maison stambouliote entourée de sa grand-mère, ses tantes, et de sa mère. La seconde ballotée entre la famille de son père, les Tchakhmakhchian, et l’appartement de sa mère. Cette dernière ne tardera pas à se remarier, et de surcroit à un turc, se trouvant être le seul Kacanci homme encore vivant - exilé aux Etats-Unis pour échapper à la malédiction frappant ceux de son sexe. Le mauvais œil existe, les secrets aussi. Ils sont monnaie courante et bien trop lourds pour rester éternellement silencieux. C’est dans l’espoir de découvrir ses origines qu’Armanoush entreprend un voyage sur la terre de ses ancêtres. Elle sera hébergée par la famille de son beau-père et une amitié verra le jour entre Asya et elle. A travers ces deux jeunes femmes, ce sont finalement deux peuples qui se trouvent de nouveau réunis.
Avec ce roman, Elif Shafak met en exergue un sujet encore controversé sur les rives du Bosphore : celui du génocide arménien. C’est toute l’histoire de la Turquie, en ce début de XXe siècle, qui s’ouvre sous nos yeux. Malgré cette tragédie et les blessures pas totalement cicatrisées, l’écrivaine turco-américaine met en avant les liens étroits unissant les communautés turque et arménienne.
Apolline Flieg