La Commedia dell'Arte réveille le théâtre parisien
lun, 11/15/2010 - 22:58
Au Théâtre 13, les spectateurs viennent pour voir L'Illusion exquise, de Luca Franceschi. La salle se remplit progressivement. La lumière est encore allumée, le spectacle va bientôt commencer. Sur scène, on s'agite déjà : deux danseurs s'échauffent, l'auteure et metteuse en scène relit son texte. Puis, du haut de la salle, par-dessus la tête des spectateurs, l'ouvreur déclare qu'il est temps de commencer. Les acteurs s'activent bruyamment. Enfin prêts. L'auteure annonce alors qu'il s'agit d'un spectacle en cours d'écriture. Regards attentifs et amusés des spectateurs. Ils ne soupçonnent pas encore les événements imprévisibles et délicieux qui les attendent. Un peu plus tard, en costumes splendides, grimés avec art, surgissent sur la scène désertée quatre mystérieux personnages. Tout droit venus de la Commedia dell'Arte. Oui, oui, « personnages » -et non « acteurs »- sortis de l'imagination de l'auteure. L'ombre de Pirandello plane. Comme ses six personnages, nos quatre lurons vont eux aussi négocier le droit d'exister. L'auteure imaginait pourtant un tout autre spectacle, mais elle n'a plus le choix. Les personnages sont là et, intenables, ils singent les acteurs, se mêlent au public et le prennent à partie. Tenu en haleine par ces rebondissements, celui-ci assiste à l'explosion des frontières. Auteure, metteuse en scène, acteurs, personnages, et public, on ne sait plus très bien qui est qui... Ces quatre êtres, hilarants et charismatiques, apportent avec eux la tradition très particulière de la Commedia dell'Arte. De cette confrontation naît un théâtre multiforme, chanté et dansé. Porté par des acteurs talentueux et polyvalents, ce spectacle est absolument exquis !