La dive bouteille made in Japan

lun, 12/12/2011 - 19:20

Bacchus m’en est témoin, le vin et les écrivains ont souvent fait bon ménage. De Rabelais à Colette, en passant par Voltaire, Baudelaire, Marot, Homère, Lamartine, et même notre cher Bernard Pivot, nombreux sont ceux qui ont célébré le doux breuvage dans leurs écrits. Ce n’est pas un hasard, prétendent certains, qu’en français vin rime avec divin. Déjà présente dans l’ancien Testament, la symbolique religieuse de la vigne et du vin est remise au goût du jour dans Les Gouttes de Dieu, ou en langue originale, 神の雫.
 
 
Et que sont ces mystérieuses Gouttes de Dieu que j’ose citer dans le même paragraphe que nos plus grands écrivains ? Le titre d’une série de mangas, qui révèle toute la richesse de ce genre encore trop méconnu et souvent mal considéré.
 
La série, qui est parue pour la première fois en 2004 et qui compte aujourd’hui vingt et un tomes (le vingt-deuxième est prévu pour février prochain), appartient à la catégorie du seinen (une veine de mangas destinés aux adultes, qui se distingue du shonen, destiné aux jeunes garçons et du shojo, pour les jeunes filles). Vendu à plus de six millions d’exemplaires, Les Gouttes de Dieu sont devenues un véritable phénomène d’édition, devant leur succès tant au graphisme soigné des dessins de Shu Okimoto qu’à l’histoire inventive et les personnages attachants créés par Tadashi Agi.
 
L’histoire commence à la mort du célébrissime œnologue japonais, Yutaka Kanzaki. Son testament est clair : pour hériter de sa formidable collection de vins, ses deux fils devront s’affronter dans l’identification des douze apôtres, douze grands crus dont il donne seulement une description énigmatique, ainsi que « les Gouttes de Dieu », un vin idéal. Prend alors vie sous les yeux du lecteur une véritable chasse au trésor, qui s’accompagne d’une initiation au vin, à son langage, ses particularités, ses méthodes de dégustation, ses traditions. Et bien entendu, ses grands noms : du Château d’Yquem 1990 au Château Mouton Rothschild 1982 en passant par le Richebourg 1999 de Méo-Camuzet. Si vous ne connaissez aucun de ces noms, rassurez-vous. Même si les initiés saluent la réussite des descriptions des vins, nul besoin d’être un passionné d’œnologie pour savourer les différents crus des Gouttes de Dieu, et pour goûter à la poésie des images qui évoquent les sensations dues aux diverses dégustations. Et peut-être pour trouver, à votre tour, ce dont parlait déjà Pline l’Ancien : « In vino veritas ».
 
Pour ne pas avoir de problème avec les autorités, je finirai en vous rappelant que le vin est une boisson alcoolisée, qu’il faut donc consommer avec retenue. Quant aux Gouttes de Dieu, elles sont à consommer sans modération !
 
 
 
Les Gouttes de Dieu. Glénat. 8,99 € le tome. Deux coffrets existent (et font de très beaux cadeaux de Noël) : coffret tomes 1 à 6 et coffret tomes 7 à 12.
 
 
Lucile Margot.