La tragédie des racines

Incendies va embraser dimanche le Forum des Halles pendant deux heures. Cette coproduction franco-canadienne de 2009 a été réalisée par le Québécois Denis Villeneuve. Il a aussi écrit le scénario, avec Valérie Beaugrand-Champagne. C'est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme créée en 2003, dont l'auteur Wadji Mouawad, ayant quitté la guerre civile au Liban en 1976, est devenu Québécois. Jeanne et Simon (Mélissa Désormeaux-Poulin et Maxim Gaudette) vivent à Montréal avec leur mère Nawal (Lunbna Azabal). La mort de celle-ci déclenche une crise et une quête identitaire. Pour accomplir ses dernières volontés, lues par l'avisé notaire Jean Rebel (Rémy Girard), les deux faux jumeaux partent au Moyen-Orient. Ils doivent remettre deux lettres, à leur père et à leur frère, dont ils découvrent l'existence. Retour à la brutalité fondatrice. Les vies de Nawal et des populations confrontées à la guerre trente ans auparavant resurgissent. Le film projette sa lumière sur les conséquences de la guerre et de l'obscurantisme : la noirceur des injustices, des tortures en prison, des viols et des meurtres. La singularité de ce drame familial réside dans la critique sous-jacente des violences et des discriminations dont les femmes et les enfants sont victimes. Nos jeunes gens éprouveront d'abord des sentiments de pitié, mais aussi de colère incandescente. La rencontre avec leur grand-mère va peut-être les apaiser... Les images de la Jordanie - symbole d'un Orient mythique - et celles du Canada se croisent, deux espaces aux climats et aux politiques si différentes en apparence. Des liens de sang, d'amour passionné et d'amitié se créent entre les personnages. Ce film n'incite-t-il pas les humains à coopérer et à dialoguer pour diffuser la paix ?

Aurélie Vasseur

Le 27 novembre, 20h30, au Forum des Images à Paris, dans le cadre du festival Cinéma du Québec.
Le 26 novembre (19h) et le 27 novembre (9h15), au Théâtre de Bastia, à l'occasion du festival Arte mare.
À l'affiche le 12 janvier 2011.