Le Porte-lame, roman acéré
dim, 01/16/2011 - 21:34
« Alors comme ça B.J. tu me demandes de te dire en une phrase de quoi parle ce film ? Moi je te dis que c’est trop pour une seule phrase – même si elle dure à perpète. » Impossible, en effet, de résumer l’ouvrage de William S. Burroughs, jusqu’ici inédit en français, que les Editions Tristram viennent de publier. Dans Le Porte-lame, paru aux États-Unis en 1979 sous le titre Blade Runner (A Movie), Burroughs, figure majeure de la Beat Generation, connu pour ses romans hallucinés et hallucinogènes, renouvelle sa célèbre technique du « cut-up ». Ici, il ne s’agit plus d’assembler des phrases issues de textes divers, mais de reprendre les personnages et les situations d’un roman de science-fiction – en l’occurrence celui d’Alan E. Nourse – pour en faire un scénario. Scénario aucunement destiné à être réalisé, mais approprié, transformé.
Maladie, drogue, violence, on retrouve dans ce texte hybride les thèmes de prédilection de l’auteur du Festin nu. En 2014, dans une ville de New-York maudite et séduisante, « Londres après le Blitz » et « Venise souterraine », où se côtoient gangs divers, alligators et nudistes armés, et où prolifèrent émeutes et épidémies, les lépreux semblent être les plus chanceux. Et pour cause : afin de protester contre un projet de couverture médicale universelle, les laboratoires pharmaceutiques ont bloqué l’accès aux soins. Une médecine parallèle, organisée sur le modèle du trafic de stupéfiants, s’est donc développée. Médecins et chirurgiens officient à présent dans les stations de métro désaffectées – une seule ligne fonctionne encore ! Ce qui donne lieu à des situations absurdes, où l’humour noir de Burroughs opère, lui aussi, en toute illégalité. Dans ce chaos général, la figure du porte-lame, héros adolescent aux sandales ailées, se détache. Parcourant sans relâche les rues et les souterrains de la mégalopole, il transporte médicaments de contrebande et matériel chirurgical de récupération, au péril de sa vie pour en sauver d’autres.
Style incisif, écriture au scalpel, humour mordant, Le Porte-lame intrigue. Scénario ? Roman ? Mise en scène de l’écriture de scénario ou dissection de l’écriture tout court ? Cet objet littéraire non identifié est surtout un texte en devenir, atteint, comme ses personnages, du syndrome mutagène Steinplatz – SMS, heureuse coïncidence ! Le lecteur, lui aussi, risque d’être contaminé, ce qui n’est pas sans danger : « bien accueilli par la jeunesse aventureuse », le virus l’est en revanche beaucoup moins chez les personnes « dont la structure mentale est résistante au changement. » On vous aura prévenus…
Maladie, drogue, violence, on retrouve dans ce texte hybride les thèmes de prédilection de l’auteur du Festin nu. En 2014, dans une ville de New-York maudite et séduisante, « Londres après le Blitz » et « Venise souterraine », où se côtoient gangs divers, alligators et nudistes armés, et où prolifèrent émeutes et épidémies, les lépreux semblent être les plus chanceux. Et pour cause : afin de protester contre un projet de couverture médicale universelle, les laboratoires pharmaceutiques ont bloqué l’accès aux soins. Une médecine parallèle, organisée sur le modèle du trafic de stupéfiants, s’est donc développée. Médecins et chirurgiens officient à présent dans les stations de métro désaffectées – une seule ligne fonctionne encore ! Ce qui donne lieu à des situations absurdes, où l’humour noir de Burroughs opère, lui aussi, en toute illégalité. Dans ce chaos général, la figure du porte-lame, héros adolescent aux sandales ailées, se détache. Parcourant sans relâche les rues et les souterrains de la mégalopole, il transporte médicaments de contrebande et matériel chirurgical de récupération, au péril de sa vie pour en sauver d’autres.
Style incisif, écriture au scalpel, humour mordant, Le Porte-lame intrigue. Scénario ? Roman ? Mise en scène de l’écriture de scénario ou dissection de l’écriture tout court ? Cet objet littéraire non identifié est surtout un texte en devenir, atteint, comme ses personnages, du syndrome mutagène Steinplatz – SMS, heureuse coïncidence ! Le lecteur, lui aussi, risque d’être contaminé, ce qui n’est pas sans danger : « bien accueilli par la jeunesse aventureuse », le virus l’est en revanche beaucoup moins chez les personnes « dont la structure mentale est résistante au changement. » On vous aura prévenus…
Aurélie Laurière
Le Porte-lame de William Burroughs, Tristram, 96 p., 14 €.