Les Signaux Lumineux de Takis
Soumis par milena.mccloskey le mar, 02/10/2015 - 17:36
Takis, un artiste du mouvement
Signaux Lumineux est une œuvre du sculpteur grec Takis. L’artiste, de son vrai nom Panayotis Vassilakis, naît à Athènes en 1925. Artiste autodidacte, il crée ses premières sculptures en 1946. À partir de 1953, il vit à Londres puis à Paris, et voyage à travers l'Europe et les États-Unis. Il vit toujours et travaille actuellement en Grèce. Il est l’une des figures importantes de l’art cinétique.
On peut voir les premières manifestations d'art cinétique dès les années 1910 dans le mouvement futuriste et certaines œuvres de Marcel Duchamp. Plus tard, Alexander Calder invente le mobile, sculpture formée de fils et de pièces métalliques qui sont mises en mouvement par le déplacement de l'air ambiant. L'expression art cinétique est adoptée vers 1954 pour désigner les œuvres d'art mises en mouvement par le vent, les spectateurs et/ou un mécanisme motorisé.
Les Signaux, oeuvre phare
Takis a imaginé les Signaux Lumineux pour répondre à un souhait exprimé par l’architecte de la grande Arche, J.O von Spreckelsen. Cette sculpture monumentale installée en 1990 marque l’extrémité Sud de l’axe qui traverse la Défense, comme un phare imposant et insaisissable à la fois. La légende veut que ce soit en attendant un train en gare de Calais que Takis fut frappé par l’importance des signaux. Ces forêts de lumières que l’homme se crée pour se repérer et éviter la mort apparaissent comme des hiéroglyphes à l’usage des contemporains. Techniquement, l’œuvre consiste en dix-sept tiges spiralées de métal, dont la hauteur varie de 6,50m à 11,50m, sur lesquelles trônent une trentaine de signaux lumineux qui semblent montés sur ressorts.
Cette œuvre est en réalité la moitié d’une installation artistique et architecturale qui structure profondément l’espace de la Défense. En effet, cette sculpture est la sœur jumelle du Bassin Takis, implanté deux ans auparavant à l’extrémité Nord du quartier de la Défense. L’artiste avait alors imaginé une surface aquatique comportant quarante-neuf feux lumineux multicolores de hauteurs différentes, montés sur des structures métalliques semblables. C’est avec l’ajout en 1990 des Signaux, de manière parfaitement symétrique au Bassin, que l’œuvre prend toute son ampleur. Parfaitement intégrés à la perspective de l’axe historique et visibles depuis l’Esplanade et depuis Neuilly, le quartier de la Défense est aujourd’hui inimaginable sans les arborescences lumino-poétiques de Takis. Cette série d’œuvre vaut à Takis une forte reconnaissance en France, et une grande exposition rétrospective lui est dédiée à la Galerie nationale du Jeu de Paume en 1993.
Une expérience qui reste à inventer par le spectateur
Ces œuvres offrent au promeneur de la Défense une expérience sensorielle chaque fois renouvelée. Selon l’endroit où il se trouve, l’œuvre montre une facette différente, et selon l’heure de la journée ou de la nuit, les couleurs vibrent différemment. Par exemple, l’œuvre accomplit toute sa force d’émerveillement la nuit, quand ses feux clignotent et se meuvent dans une danse hypnotique et enchanteresse.
L’intérêt de l’artiste pour les aéroports et les gares ferroviaires ne sont que des exemples d’une fascination profonde pour la lumière, le mouvement et les champs magnétiques. En effet, on reconnaît également l’oeuvre de Takis à une utilisation massive du métal. L’artiste exploite cette matière sujette à des forces immatérielles comme le magnétisme : il déclarera vouloir « respecter l’élan vital du métal ». Une obsession de Takis est de révéler ces forces cachées, de vitaliser les matières et l’espace.
Le métal est aussi un matériau résolument bruyant, qui offre des possibilités d’exploitations sonores très riches. Cette expérimentation est tout à fait primordiale dans l’œuvre de Takis. Cette dimension sonore est présente dès ses œuvres de jeunesse, ses premiers Signaux de 1955 consistant en des cordes de piano vibrant grâce au vent. Ses œuvres qu’il nomme « Tableaux vibratifs », « Télésculptures » ou encore « Télélumières » sont des objets complexes, multidimensionnels, à entendre, à voir et à vivre.
Milena Mc Closkey