Une exposition Monet au Grand Palais, et c'est la foule des grands jours qui se presse devant ce temple de la culture. La foule, c'est d'ailleurs la première chose que l'on voit en entrant dans cette rétrospective consacrée au père de l'Impressionnisme. Pourtant, il suffit qu'un dos anonyme s'écarte, et c'est le grand plongeon dans soixante années vouées à la peinture :  le port du Havre et les marines du début de carrière surgissent pour récompenser le visiteur patient. 

Chronologique, l'exposition nous emmène ensuite le long de la vie de Monet, de ses voyages, de ses rencontres, de ses envies : chaque période a sa salle, et chaque tableau ses admirateurs, présents ou passés. Un adolescent, écouteurs aux oreilles, rejoint Zola devant La Gare Saint-Lazare : "On y entend le grondement des trains qui s'engouffrent, on y voit des débordements de fumée qui roulent sous les vastes hangars. Là est aujourd'hui la peinture... Nos artistes doivent trouver la poésie des gares, comme leurs pères ont trouvé celle des forêts et des fleuves."

On redécouvre alors la modernité d'une oeuvre qui prend tout comme modèle, les hommes, les villes, et surtout la nature ; ce rapport intime au monde qui rappelle que le peintre n'est pas un être à part mais un homme parmi les hommes. Un homme comme les autres certes, mais également un éclaireur. Monet met en lumière le présent : il révèle la beauté du moindre détail qui passe sous son pinceau, des fruits de ses natures-mortes à sa première femme Camille, du Pont de chemin de fer d'Argenteuil aux falaises d'Antibes. Mais il ouvre également la voie au futur : comment ne pas voir les prémices de l'abstraction dans ses Saules pleureurs

Si l'exposition au Grand Palais est assez classique, elle a le mérite de révéler plusieurs pans de la vie d'un peintre qui apparaît finalement comme méconnu, victime d'une gloire qui n'acclame qu'un nombre restreint d'oeuvres.  Mérite d'autant plus éclatant qu'il tient au rassemblement de tableaux venus du monde entier, y compris de collections privées, les mettant à portée des visiteurs parisiens. 

Une exposition qui vaut le détour pour un artiste qui ne cesse de régaler nos pupilles.

Marine Badetz.


Claude Monet, 1840-1926
, au Grand Palais, du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011.

  1. Anonyme on ven, 01/21/2011 - 15:51

    Laissez-vous porter par ce merveilleux voyage... au gré des toiles de Monet www.monet2010.com/fr#/voyage/