Ménage à trois, crises de folie et "Sonate en la mineur"
lun, 12/03/2012 - 18:13
Plutôt que le titre un peu trop banal (Une étrange histoire d'amour), c'est l'image qui attire le regard, les mains d’une femme caressant les touches d’un piano. Et puis la quatrième de couverture livrait un résumé alléchant : le récit de l’histoire d’amour entre le jeune Brahms et la femme d’un autre compositeur important du XIXe siècle, Robert Schumann. Histoire d’amour sur fond de sonate, la trame était prometteuse. Ça n’a pas duré.
Le roman s’articule autour d’une lettre, celle de Brahms adressée à Clara Schumann, après les funérailles de celle-ci. Durant deux cent dix-neuf pages, c’est le jeune musicien qui nous livre son histoire en forme d’adieu à celle qu’il a aimée. Arrivé à Düsseldorf, Johannes Brahms convainc rapidement Schumann de son talent et prend alors une grande place dans la famille jusqu’à s’éprendre de la femme du compositeur, accessoirement concertiste de talent mais reléguée au rang de mère de famille (évidemment frustrée). Seulement, Schumann est un être sombre et sujet à des crises de folie. Il se fait interner, sa femme semble alors fuir la maison familiale, laissant à Brahms le soin des enfants. À la mort de Schumann, l’idylle se rompt, mais l’amitié de Brahms pour Clara survivra.
On connaît la prédilection de Luigi Guarnieri pour les romans historiques sur les grands héros de l’art (La Double vie de Vermeer ou La Jeune Mariée juive, sur l’histoire d’un tableau inachevé de Rembrandt), mais lorsque l'on s'engage sur les chemins exigeants de la littérature, l’anecdote dans l’histoire ne suffit plus. Si sur le papier le trio des musiciens ressemble à une cacophonie, on se consolera avec l’harmonie de cette partition à quatre mains qui, elle, résonne sans fausses notes.