N comme Nothomb

mar, 01/13/2015 - 01:00

Comme tous les ans pour la rentrée littéraire, Amélie Nothomb prend place sur les rayons des librairies. Son nouveau roman intitulé Pétronille, reste fidèle au style de la romancière : condensé, piquant, comique à l’issue tragique.

Dans ces pages autobiographiques, Amélie Nothomb fait part de sa rencontre avec Pétronille. Tout le monde le sait, l’auteur adule le champagne. Cet élément revient comme un leitmotiv dans tous ses romans. Pour elle, l’ivresse qui accompagne la dégustation de ce breuvage est une élévation sans commune mesure. Son ambition première, avant de se faire publier chez Albin Michel, est de boire du champagne de qualité. Mais il lui faut pour cela trouver la compagne idéale, une compagne qui sache boire. C’est alors que, au cours d’une séance de dédicace pour son précédent roman Sabotage amoureux, la romancière saisit un livre qu’on lui tend. Elle demande à qui s’adresse la dédicace et une voix quasi asexuée lui répond : « Pétronille Fanto». Intriguée, Amélie redresse la tête et découvre les traits enfantins, comparables à ceux d’un garçonnet, de celle qui sera bientôt sa « compagne de beuverie ». Commence alors le récit de cette amitié entre deux femmes, l’une belge, l’autre française. L’histoire de deux nations qui se retrouvent sur fond de neige des montagnes française. L’histoire de deux écrivains. L’une est accomplie, l’autre débutante et spécialiste de littérature. La relation entre ces deux femmes qui se distinguent par leur histoire et leur personnalité contraires, se perd alors entre complicité et différents, plus ou moins véhéments.

Ce roman est avant tout un livre sur ce drôle de peuple : les français. Belge élevée au Japon, Amélie voit dans le pays de son amie, l’Exotisme même. Et rien de mieux pour envisager ce pays, que de parler de l’une de ses résidentes.

Ce roman est également une énigme. Il est évident que comme la plupart de ses œuvres, celle-ci se confond entre l’autobiographie et le romanesque. Un débat surgit, concernant les signes de réalisme laissés par l’écrivain. Sont-ils volontaires ou maladroits ? Certains ne se sentent pas suffisamment transportés dans la romance, maintenu au sol par les signes qui rendent explicitement identifiable l’amie dont il est sujet. La jeune romancière Stéphanie Hochet, spécialiste de Shakespeare, serait devenue sous la plume de Nothomb, cette délicieuse Pétronille Fanto. L’écriture demeure cependant comparable à celle d’un conte qui réunit deux univers différents, dans une légèreté de ton et un style simple mais sincère et surtout singulier.

 

Edition Albin Michel, sorti en septembre 2014.

Prix : 16,50€