Niki de Saint-Phalle en 8 dates

jeu, 11/27/2014 - 01:06 - Manon Degracia

 ~   1950  ~

Découverte de la peinture.

A seulement 20 ans, elle se met à peindre lors d’un séjour en maison de santé suite à une dépression nerveuse. Elle abandonne une carrière débutée dans le mannequinat et commence à produire ses premières œuvres sans aucune formation artistique initiale.  « J'ai commencé à peindre chez les fous… J'y ai découvert l'univers sombre de la folie et sa guérison, j'y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l'espoir et la joie. »     

1955  ~

Le choc Gaudi. Cette année-là elle voyage en Espagne accompagnée de son mari le poète Harry Matthews.  A Barcelone, elle découvre les travaux de l’architecte Antoni Gaudi comme le parc Güell et la cathédrale Sagrada Familia. C’est un coup de foudre artistique. Elle reconnaît dans les œuvres du catalan sa propre folie des grandeurs et sa passion pour les formes et la couleur. Elle s’approprie et réinterprète les techniques de prédilection de l’architecte comme l’usage de la céramique et de la ferronnerie qui seront désormais omniprésentes dans son œuvre.

~   1956  ~

 Première exposition privée. Son travail est exposé pour la première fois à la galerie Gotthard en Suisse. C'est une date charnière aussi bien professionnellement que personnellement car elle y rencontre son futur mari et collaborateur Jean Tinguely.

~   1961  ~

L'aventure Nouveaux Réalistes.  Elle rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes,  collectif d'artistes d'avant-garde fondé en 1960 par le peintre Yves Klein et le critique d'art Pierre Restany. Ces derniers étant séduits par son travail plastique mêlant objets du quotidien et imagerie fantastique. Au sein du groupe, elle s'attache de plus en plus à un art de l'assemblage et de l'accumulation d'éléments empruntés à la réalité quotidienne. La représentation de la femme prend également une place prépondérante dans son travail : elle crée des sculptures de mariées et de mères, composées d’un fracas d’objets, comme des champs de bataille de la folie masculine contemporaine.

~  1967  ~

Première exposition publique, les « Nanas » séduisent le monde. Niki de Saint-Phalle expose pour la première fois dans un musée (au Stedelijk Museum d’Amsterdam) : sa série de sculptures appelée « Nanas » est un fort succès et reste encore à l’heure actuelle la part de son œuvre la plus connue. A partir de cette année, le corps féminin dans l’œuvre de Niki de Saint-Phalle va se recouvrir de surfaces décoratives, avec des postures dansantes, de grosses fesses, de grosses poitrines. Plus exubérantes et plus libres, dégagées de la rage et de la violence exprimée dans ses débuts par l’artiste, les « Nanas » invitent à la fête.

~  1972  ~

L'aventure cinéma. Elle coréalise son premier long métrage intitulé Daddy avec Peter Whitehead. Ce film entre fiction et performance met en scène une de ses séances de peinture au tir à la carabine où elle met symboliquement à mort son père. Son engagement contre une société patriarcale s’affirme alors.

1993  ~

Le Jardin des Tarots prend forme. C’est l’achèvement de plus de 20 ans de travail qui constituèrent le fil directeur de son œuvre. Point d’orgue de sa création artistique, la construction du Jardin, débutée en 1972, est entièrement financée par la vente d’autres de ses réalisations. Ce grand parc situé en Toscane est constitué de sculptures monumentales, représentant les 22 arcanes du jeu de tarot, qui peuvent atteindre jusqu’à quinze mètres de haut et qui sont parfois même habitables. Elles sont recouvertes de céramiques polychromes, de mosaïques de miroir, de verres précieux, réalisées avec l'aide d'artisans locaux et en collaboration avec Jean Tinguely. Cette œuvre majeure cristallise ses influences (on y voit l’influence de Gaudi bien sûr mais aussi du Facteur Cheval), son savoir-faire, et réalise le rêve immense et fou qu’est l’œuvre de Niki de Saint-Phalle.

~  1994  ~

Retour en arrière et révélations. En 1994 Niki de Saint Phalle est une artiste confirmée, ayant obtenu la reconnaissance du grand public. C'est alors qu'elle décide de publier ses Mémoires appelées Mon Secret dans lesquelles elle dévoile le traumatisme de son enfance, à savoir un viol incestueux commis par son père quand elle avait onze ans.

 

Milena Mc Closkey