Opéra-Université : des découvertes et des rencontres au programme
L'Opéra national de Paris est une institution majeure de notre paysage culturel. Comme l'écrit son actuel directeur, Nicolas Joël, "rien ne nous emmène plus haut, rien ne nous fait voyager plus loin que la musique. La mission de l'Opéra de Paris est de l'amener au plus grand nombre." Cette mission de service public, l'Opéra la réalise notamment en direction des jeunes, au travers plusieurs programmes pédagogiques. En novembre dernier, les étudiants du Master MCEI ont eu le privilège de passer une journée à l'Opéra Bastille : ils ont pu assister aux répétitions de La forza del destino, découvrir l'envers du décor lors d'une visite guidée des coulisses et ateliers, et rencontrer le directeur de la dramaturgie Christophe Ghristi, ainsi que Patrick Scemama, rédacteur en chef. Une journée riche en découvertes et en rencontres, organisée par Nathalie Guilbaud.
A l'Opéra depuis une dizaine d'années, Nathalie Guilbaud est aujourd'hui responsable du programme "Opéra-Université". Ouvrir les portes de l'Opéra à tous les publics étudiants, tel est l'objectif de ce programme pédagogique ; et chaque année, ce sont en moyenne 1500 jeunes qui en bénéficient. Sollicitée par les enseignants, voire par les étudiants eux-mêmes, qui découvrent ce programme grâce à Internet, ou par le bouche-à-oreille, Nathalie Guilbaud imagine avec eux des parcours personnalisés. Parfois c'est elle qui prend l'initiative de proposer un partenariat à des établissements qui pourraient sembler éloigner du monde de l'opéra, et leur présente des idées de projets. "Rien n'est fixe, ni rigide..." nous explique-t-elle, il s'agit de toujours proposer des activités en lien avec les attentes des étudiants : découvrir l'univers de la création lyrique et du ballet grâce aux répétitions, aux visites et rencontres avec des professionnels. Parmi les quatre-vingts corps de métiers que compte l'Opéra, tout le monde y trouve son compte ; et malgré leur rythme de travail effréné, les professionnels sont toujours ravis de rencontrer les étudiants, de leur parler de leur métier qui "est avant tout une passion." La passion, voici ce qui est au cœur de l'activité de Nathalie Guilbaud. Ouvrir les portes de l'Opéra aux étudiants, c'est transmettre cette passion en suscitant des rencontres et en imaginant des activités spécifiques. Dans le cadre du programme "Opéra-Université", ce sont aussi des rencontres entre étudiants qui sont proposées, ainsi que des conférences, comme par exemple ce "Rendez-vous avec la Beauté" qui a réunit en 2009 des lycéens, des élèves de classes préparatoires et de l'Institut des Jeunes Aveugles, autour d'Yvonne, princesse de Bourgogne et de La Troisième symphonie de Mahler. En plus des conférences et débats qu'il accueille, l'Opéra est aussi un endroit de partage et d'expérience. Ainsi autour de Madame Butterfly, mise en scène par Bob Wilson, un dialogue a été organisé entre des étudiants de Licence d'Etude théâtrale, et des élèves du Lycée pour le Paysage et l'Environnement. Ces derniers avaient préparé pour l'occasion des maquettes en carton et lumière, inspirées de leurs réflexions sur l'art du jardin japonais et la scénographie. L'Opéra invite alors au dialogue, et devient un lieu d'échange... Des partenariats forts se créent entre le programme "Opéra-Université" et les établissements d'enseignement supérieur, et cela même à l'étranger.
En lien avec tous les autres services de cette gigantesque institution, le service pédagogique est aux premières loges pour inviter les jeunes et les étudiants à "vivre l'opéra et la danse au présent." Réinventant sans cesse les activités et parcours du programme "Opéra-Université", Nathalie Guilbaud met au centre de son activité son amour des arts. Passionnée de danse et d'achéologie orientale, elle a commencé à travailler à l'Opéra en tant que documentaliste, après avoir eu un parcours atypique la menant de missions archéologiques à l'Ambassade de France en Egypte, en passant par le musée Gustave Moreau. "Il faut être polyvalent", nous conseille-t-elle, "mais surtout avoir de la fougue, et de l'enthousiasme."
Propos recueillis par Louise Champiré et Kaci Kemel