PASOLINI ROMA.

ven, 11/22/2013 - 18:47

Si vous ne connaissez pas Pier Paolo Pasolini, alors c’est le moment. Pour ce trimestre de rentrée, la Cinémathèque française consacre un cycle d’expositions, de rétrospectives et de rencontres mettant le cinéma italien à l’honneur autour de cinéastes comme Michel Piccoli ou Bernardo Bertolucci. Il faut qu’on le sache : Pier Paolo Pasolini est un de ceux qui ont façonné le cinéma moderne en Italie dans les années 1950-1970. Jusqu’au 26 janvier 2014, l’auteur fait l’objet d’une exposition qui met en lumière un parcours, une vie d’artiste éminemment créatrice et mouvementée depuis son arrivée à Rome en 1950.

Mettez donc un chemin, celui d’une exposition pour le moins labyrinthique, et ajoutez-y une profusion de documents d’archives – dessins, correspondances, photographies ou encore peintures et extraits audiovisuels – tout en prenant garde de ne pas vous perdre. Amateur d’un support ou l’autre, il est finalement difficile au milieu de tout ça de ne pas trouver de quoi manger.

On pourrait reprocher à l’exposition ce trop plein, il reste néanmoins le propos. Pier Paolo Pasolini, alias PPP par Serge Toubiana (directeur général de la Cinémathèque française), découvre Rome en 1950 à l’âge de 28 ans, pauvre et sans travail. La Rome qu’il arpente est aussi la Rome qu’il construit, posant sur elle – puis sur la société italienne en général – un regard critique sur vingt-cinq années de travail jusqu’à sa mort, en 1975. Découpé en six sections chronologiques, on découvre alors un Pasolini à la fois écrivain, chroniqueur, peintre, et cinéaste.

Les quartiers prolétariens, les zones périphériques et les repères marginaux inspirent d’abord Pasolini qui cherche à aborder la réalité d’un langage populaire dans son premier roman Ragazzi di vita (1955). Ses rencontres avec de célèbres cinéastes comme Fellini l’amènent à construire son premier film Accatonne en 1961, suivi de Mamma Roma (1962) et La ricotta (1963), qui explorent avec réalisme et poésie les bas fonds des faubourgs. Son rejet de la société consumériste l’amène à ensuite à traiter son cinéma sous l’angle du mythe et de la métaphore, avec Oedipe Roi (1967) ou Théorème (1968). Le regard sévère de Pasolini s’affirme depuis que Ragazzi di vita et plusieurs de ses œuvres sont amenées devant la justice pour des raisons morales. Finalement, la dureté s’empare des œuvres de Pasolini qui signe avec Saló ou les 120 jours de Sodome en 1975 une réflexion crue sur l’objetisation de l’être humain et sa quête de pouvoir. Son roman posthume Pétrole, conçu sur de nombreuses années, s’attaquant au pouvoir des financiers, politiques et industriels, est également à l’origine de nombreuses discussions qui entourent sa mort en 1975.

 
 
J.P.