Photos de génies
ven, 01/14/2011 - 15:16
Dans le cadre du Mois de la Photo, la Maison de Victor Hugo s’associe à deux grandes institutions parisiennes – les Collections Roger-Viollet et la Maison Européenne de la Photographie – pour présenter une exposition consacrée aux portraits d’écrivains de 1850 à nos jours. Jusqu’au 20 février, l’hôtel de Rohan-Guéménée, place des Vosges, accueille près de deux cents œuvres qui traduisent, toutes à leur manière, une collaboration singulière entre écrivains et photographes.
Une exposition très dense donc : 200 portraits, 90 écrivains, 30 photographes. Et quelle distribution ! Du côté des écrivains : Hugo bien sûr, ses amis Sand ou Dumas, mais aussi Breton, Soupault, Desnos, Joyce ou encore Cocteau, Duras, Sagan, Beckett, Kerouac… Et du côté des photographes : Nadar, Albert Harlingue, Bernard et Boris Lipnitzki, Henri Martinie, Gisèle Freund, Denise Colomb, Richard Avedon, Irving Penn, Robert Mapplethorpe… Trois fonds différents et complémentaires pour une exposition en trois dimensions ! Les gens de plume se retrouvent dans la lumière à travers un parcours à la fois chronologique, esthétique et thématique. Remontée dans le temps, voyage dans le monde des lettres, dialogue entre les arts : voilà une exposition qui ne manque pas de photogénie !
Une exposition très dense donc : 200 portraits, 90 écrivains, 30 photographes. Et quelle distribution ! Du côté des écrivains : Hugo bien sûr, ses amis Sand ou Dumas, mais aussi Breton, Soupault, Desnos, Joyce ou encore Cocteau, Duras, Sagan, Beckett, Kerouac… Et du côté des photographes : Nadar, Albert Harlingue, Bernard et Boris Lipnitzki, Henri Martinie, Gisèle Freund, Denise Colomb, Richard Avedon, Irving Penn, Robert Mapplethorpe… Trois fonds différents et complémentaires pour une exposition en trois dimensions ! Les gens de plume se retrouvent dans la lumière à travers un parcours à la fois chronologique, esthétique et thématique. Remontée dans le temps, voyage dans le monde des lettres, dialogue entre les arts : voilà une exposition qui ne manque pas de photogénie !
Dès l’arrivée, des portraits d’écrivains tels que Joyce ou Breton, installés dans l’escalier, semblent nous accueillir et nous conduire jusqu’au premier étage.
« Ces portraits sont heureux et curieux. » (Victor Hugo)
Dans la première salle, on trouve des portraits de Victor Hugo et de ses proches. A Jersey, devant l’objectif de son fils Charles, le poète prend la pose, cheveux au vent, témoignant d’une certaine insouciance malgré l’exil. Plus autoportraits que portraits, ces clichés révèlent la modernité de l’écrivain à l’égard d’un art que bon nombre de ses contemporains ne considéraient pas encore comme tel. Immortalisés par Nadar, les portraits ultérieurs du géant de la littérature se font plus sages, et mettent à jour la solide amitié qui unit les deux hommes tout au long de leur vie. Mots d’écrivains photographiés ou de photographes soudainement devenus poètes lorsqu’il s’agit de parler de leur art : sur les murs, confrontés aux clichés, les commentaires font sens.
Dans la deuxième salle, ces paroles de Nadar nous saisissent :
« Ce qui ne s’apprend pas, je vais vous le dire : c’est le sentiment de la lumière […]. Ce qui s’apprend encore moins, c’est l’intelligence morale de votre sujet, c’est ce tact rapide qui vous met en communion avec le modèle […]. C’est le côté psychologique de la photographie, le mot ne me semble pas trop ambitieux. »
Que l’on songe aux débats littéraires qui agitaient l’époque, et l’on ne peut s’empêcher de percevoir des échos entre les préoccupations des uns et des autres, tous animés du même désir de saisir l’âme humaine.
« Pour exprimer son âme, on n’a que son visage. » (Cocteau, Renaud et Armide)
Mais la photographie est une collaboration, et tous ne se prêtent pas au jeu du modèle avec la même élégance que Cocteau. D’autres, à l’instar de Beckett, semblent peu à l’aise, presque méfiants. Certains, comme Marguerite Duras, font face à l’objectif, le regard empli de bienveillance. Lesquels consentent le plus à exprimer leur âme ? La question reste ouverte.
Dans la dernière salle, avec des œuvres comme celles de Gisèle Freund ou Keiichi Tahara, il s’agit cette fois de révéler la littérature grâce à l’œil du photographe. Les auteurs de la Beat Generation, quant à eux, se photographient mutuellement, la collaboration initiale pouvant devenir dialogue. Assis, au centre de la pièce, il nous faut soutenir le regard de ces monstres sacrés de la littérature qui semblent nous fixer. Difficile de rester de marbre ! Et puis, demeurer insensible à ces tirages sur papier glacé, c’est s’exposer à la sentence sans appel de Kerouac :
Dans la dernière salle, avec des œuvres comme celles de Gisèle Freund ou Keiichi Tahara, il s’agit cette fois de révéler la littérature grâce à l’œil du photographe. Les auteurs de la Beat Generation, quant à eux, se photographient mutuellement, la collaboration initiale pouvant devenir dialogue. Assis, au centre de la pièce, il nous faut soutenir le regard de ces monstres sacrés de la littérature qui semblent nous fixer. Difficile de rester de marbre ! Et puis, demeurer insensible à ces tirages sur papier glacé, c’est s’exposer à la sentence sans appel de Kerouac :
« Ceux qui n’aiment pas ces photos n’aiment pas la poésie. »
Aurélie Laurière
« Portraits d’écrivains de 1850 à nos jours », Maison de Victor Hugo, 6, place des Vosges, 4e, jusqu’au 20 février 2011, du mardi au dimanche de 10h à 18h, TP : 6 €, TR : 4,50 €, jeune : 3 €, gratuit pour les – 14 ans.
Photographies : Victor Hugo par Nadar, © Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet ; Marguerite Duras par Edouard Boubat, © MEP.