Né à Istanbul en 1869 de parents arméniens, puis citoyen britannique avant de s'installer à Lisbonne, qui pouvait mieux nous intéresser que Calouste Gulbenkian ? Le garnement qui dépensera ses cinquante premières piastres pour des pièces de monnaie anciennes deviendra un homme d'affaires visionnaire et l'un des plus grand collectionneurs du siècle. À sa mort en 1955 il lègue cette collection à la ville de Lisbonne, créant une fondation éducative, artistique et scientifique.

Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le programme « Próximo Futuro », coproduit par l'antenne parisienne de cette fondation Calouste Gulbenkian, le Théâtre de la Ville et la Casa da América Latina (Lisbonne) qui interroge ce mois-ci nos « Perception et représentation contemporaines sur l'Afrique et l'Amérique Latine ».
 
Entre percevoir et comprendre, des sens au sens il y a tout un monde.
Réfléchir à la contemporanéité de deux continents qui interdisent l'indifférence en mettant à l'épreuve l'histoire culturelle des mécanismes de perception et de représentation, combattre ces mythes en présentant des territoires pluriels, des terres d'avenir qui ne se contentent plus de lectures simplistes et condescendantes, c'est le pari de « Próximo Futuro ». Quatre grands penseurs des trois continents sont ainsi réunis pour une journée d'étude:
Elikia M'Bokolo (République Démocratique du Congo) pense l'Afrique au-delà de sa relation avec l'Europe ; Gustavo Franco (Brésil) instaure le rapport entre économie et indices de bonheur ; Serge Michailof (France) analyse les raisons de l'échec de l'aide au développement ; Benjamin Arditi (Paraguay) propose un devenir autre du politique au vu des insurrections récentes.
 
Parallèlement, le regard du photographe sud africain Pieter Hugo est convoqué à travers l'exposition « Nollywood ».
Entre documentaire et fiction, il s'intéresse à la troisième puissance cinématographique au monde (après Hollywood et Bollywood), Nollywood, industrie nigérienne qui sort près de mille films par an. Reprenant les histoires populaires africaines qui font appel à un imaginaire symbolique local, elle est un parfait exemple d'auto-représentation médiatique, abusant d'un ton tragique et d'une esthétique bruyante, violente et excessive. À la manière de ces films, Pieter Hugo entremêle quotidien et irréel dans cette série, fruit de ses pérégrinations en Afrique de l'ouest; où il a demandé aux acteurs de récréer l'ambiance, les mythes et archétypes nollywoodiens. Il en revient avec des images à la fois inquiétantes et hallucinantes qui font hésiter entre rire et frisson pour interroger notre perception du monde réel.
 
Conférences « Perception et représentation contemporaines sur l'Afrique et l'Amérique Latine »
Vendredi 18 novembre 2011 de 14h à 18h.
Exposition « Nollywood » de Pieter Hugo du 18 novembre au 30 décembre 2011.
Théâtre de la Ville, 2 place du Châtelet, 75004 Paris.


Nisrine Chiba