Polyphème débarque au Quatre Temps !

jeu, 02/19/2015 - 15:35 - emilie.grapindor


Les personnages fantastiques de l’artiste Joan Miro  surgissent sur le parvis de la Défense, comme deux géants informes au devant d’un magasin de porcelaine.

 Les Personnages réalisés en 1976, et déposés la même année est une sculpture monumentale située devant les Quatre temps et non loin du CNAP comme une manifestation permanente de l'art contemporain, dans un lieu en proie à une constante modernité. Cette œuvre est un exemple phare de la volonté du CNAP d’un internationalisme artistique. Cette sculpture à ciel ouvert est constituée de deux personnages faits de résines de polyester peintes de couleurs vives. Elle contraste avec la transparence et le caractère froid du quartier d'affaires de la Défense avec ses couleurs vives. Cette sculpture mesure douze mètres de haut. Les personnages semblent construit dans l’imbrication de formes hybrides l’un est surmonté d’un œil et l’autre d’une bouche. Tout deux semblent sorti d’un univers irréel ou inconscient.

« Les œuvres poétiques et plastiques récentes disposent sur les esprits d'un pouvoir qui excède en tous sens celui de l'œuvre d'art. » Ce "pouvoir" est alors identifié à la capacité des "œuvres récentes" à constituer le ferment d'une mythologie nouvelle.

 

Les personnages fantastiques intriguent par leur forme. Ils représentent l’univers des surréalistes qui se veut ésotérique avec des œuvres aux formes indéchiffrables, relevant de l’occulte et ayant une absence d’esthétisme pour laisser le spectateur, opérer le même travail de réflexion et d’imagination.

 

 

"Miro a réalisé son vieux rêve d'implanter son art dans la ville et les lieux publics, de s'adresser sans intermédiaire et sans médiation au passant anonyme en espérant une rencontre, un dialogue."

 

Joan Miró, né à Barcelone en 1893, d'une famille de bijoutier, est perçu comme un artiste curieux et pluridisciplinaire. Il est à la fois sculpteur, peintre, céramiste et graveur. Il s'inspire de plusieurs mouvements artistiques comme le fauvisme de Matisse, ou le cubisme de Picasso. Il est finalement plus sensible au dadaïsme, et s'introduit dans le mouvement du surréalisme d'André Breton.

 

Ces deux mouvements, le dadaïsme et le surréalisme arrivent comme une réponse au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et aux changements urbains et technologiques. Miró ne reprend pas les procédés mécaniques des dadas mais s'imprègne de toutes leurs inspirations artistiques  notamment par l'application de couleurs vives propres aux fauves et à l’Espagne, et par l'aspect fantasque et onirique de représentations picturales et sculptures telles que Les Deux Personnages Fantastiques, qui trouvent une continuité chez Jean Tinguely et Niki-de-Saint-Phalle dans la construction de La Fontaine des Automates, pour en savoir plus cliquez-ci. Dans les années 20, l'artiste s'éloigne du surréalisme, qui devient politique, pour une lutte picturale et artistique inspirée par Rimbaud. Suite à cette rupture, il ne renie pas la technique surréaliste, et passe à la technique du collage. Ses œuvres  se définissent comme non référentielles, alliant la nature et l’architecture, laissant libre cours à l'imagination du spectateur et traduisant pour la majorité de ces œuvres  les étapes de sa vie, et ses états de transe due à la faim et de doute.

 

Pour conclure, les œuvres d’art contemporaines comme celle de Joan Miró essayent d’introduire un nouveau type d’art basé sur l’action du spectateur. Le visiteur n’est plus passif, à travers son regard et son jugement, il construit l’œuvre d’art. L’art se veut accessible à tous, et compris de tous puisqu’il ne propose pas un message ou un sens particulier mais laisse le spectateur libre, ils inventent à travers l’art un nouveau langage.

 

Emilie Grapindor 

 

Références :

1 André Breton, "Crise de l'objet"

2 Jacques Dupin, Miro, Flammarion, 1933) p.93, Miro la peinture aux étoiles, Joan Punyet Miro et Gloria L’olivier-Rahola.

3 La sculpture au défi, Surréalisme et matérialisme, Didier Ottinger.