Depuis quelques années, les festivals de BD se multiplient en France. Chaque ville veut le sien, jouant sur la normalisation progressive de ce média longtemps considéré comme puéril ou déviant. Mais le rendez-vous des bédéphiles du monde entier, le nec plus ultra de cet art reste le Festival International de la bande dessinée d'Angoulême. Cet année, il est présidé par Art Spiegelman, le célébrissime créateur de Raw et de Mauss (pour les incultes, voir ci-dessous) et lauréat du Grand Prix d'Angoulême l'année passée.

 

 

 

 

 

A un mois et demi de l'ouverture de l'évènement, la fièvre commence à monter, tout comme le prix des aller-retours pour la ville charentoise. Il promet d'être riche en évènements et découvertes ; une exposition de 200 pièces originales d'Art Spiegelman, une autre sur Taïwan, Fred ou la bande dessinée espagnole, des rencontres internationales avec les plus grand noms du neuvième art, des spectacles, les débuts des jeunes talents... La programmation est si luxuriante qu'on peine à (se) la représenter. Le festival d'Angoulême est un monstre.

Et c'est sans doute là où le bât blesse. Cette année est la 39ème édition du festival, trente-neuf ans de règne sans partage. Si les 218 000 visisteurs de l'année passée témoignent d'un succès fou, le promeneur solitaire peut se sentir un peu oppressé au bout d'une demie-heure de queue pour une exposition. Les bédéphiles préfèrent les structures plus intimes où ils peuvent plus facilement dialoguer avec leurs dessinateurs favoris. De plus, les tensions permanentes entre la société organisatrice du FIBD, Neuvième Art +, et la Cité internationale de la Bd et de l'image (Cibdi) font peser des menaces sur le financement du festival sur le long terme et reflètent une ambiance délétère.

Angoulême divise c'est certain, mais face à la qualité de la programmation, l'agoraphobe que je suis est prête à affronter le torrent humain.

 

Hélène Courau

Du 26 au 29 janvier 2012, à Angoulême.