Redécouvrir Hollywood

mer, 12/14/2016 - 23:34

Du 14 décembre 2016 au 25 janvier 2017, la Cinémathèque Française propose une rétrospective sur la crise du cinéma hollywoodien pendant les années 1960. Cet événement se concentre sur une époque peu connue, celle du cinéma qualifié de « décadent » par les experts. Nombre des films de cette période sont aujourd’hui oubliés, et la Cinémathèque Française semble souhaiter remédier à ce phénomène, en organisant la projection de 40 films très divers, ayant pour point commun leur époque de création. L’offre est donc très variée, proposant des films de Vicente Minelli, John Ford ou Gordon Douglas, qui font appel à divers acteurs connus, mais en fin de carrière, tels que Bette Davis, Marlon Brando ou Elizabeth Taylor.

Que se passe-t-il dans les studios hollywoodiens à la fin des années 1950 ? Le cinéma américain subit une violente crise économique, due à la montée inévitable de la télévision. De plus en plus attiré par ce nouveau média qui arrive directement dans son domicile, le public se détourne du cinéma. De plus, la société américaine est encore marquée par des changements radicaux, qu’elle a pu rencontrer suite à la Seconde Guerre mondiale et à la chasse aux sorcières, organisée d’une main de fer par McCarty. Certains réalisateurs et acteurs, sont alors obligés de quitter les studios et le pays.
À partir du rapport de Kinsley sur la sexualité des américains et la fin du Code Hays en 1966, le cinéma Hollywoodien se met à produire des films hybrides et étranges, qui révèlent de scandaleux secrets jusqu’alors bien gardés.
Pendant que la société américaine se veut puritaine et guidée par une morale religieuse, les films traitent et centrent les débats sur le sexe. Les mélodrames annoncent des infidélités, les corps sont rongés par une libido dévorante, et la sexualité devient donc une seconde nature de personnages enfermés dans leur névrose. Dans cette logique de barrage à la censure, le glamour cinématographique devient un masque posé sur les déboires de la sexualité déviante. Hollywood prend conscience que tout peut-être montré et exhibé : les corps, le lesbianisme, les orgies.

L’étrangeté à cette époque se doit aussi au fait que les grandes stars, telles que Alfred Hitchcock ou Gary Cooper, qui ont jadis fait brillé « l’usine à rêves » d’Hollywood ne sont plus aussi jeunes et dynamiques qu’autrefois et les recettes de leur succès atteignent le point mort. Mais c’est cela qui joue un rôle important, finalement, dans ce cinéma : l’image du temps qui passe et le rôle qu’il joue sur les acteurs. Celui ou celle qui incarnait à l’époque la bonté et la jeunesse, est confronté à une nouvelle facette de lui-même, comme Elisabeth Taylor qui, partie d’une image de jeune fille sage, se dévoile en femme mûre.

Certains films présentés dans la rétrospective sont emblématiques de cette période. Cléopâtre, de Joseph L. Mankiewicz, met en scène des personnages affectivement et sexuellement angoissés, ce qui en fait un film décadent à tous les égards. Faut-il tuer Sister George de  Robert Aldrich est, lui aussi, un film représentatif du changement d’époque dans le cinéma hollywoodien. Il surpasse tous les tabous, abordant frontalement l’homosexualité féminine et présentant un personnage effroyablement désagréable et méchant. Tous les autres films présentés lors de la rétrospective, tels que Fedora ou Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, témoignent de la fin d’une manière de faire du cinéma.

Pour accompagner la diffusion de ces films, la Cinémathèque Française propose au public une conférence intitulée «  Hollywood décadent : retour du refoulé (1957 – 1976) » mené par la critique et journaliste de cinéma, Murielle Joudet, qui a contribué à la réalisation de cette rétrospective.


Hollywood décadent
– Du 14 décembre 2016 au 25 Janvier 2017
La Cinémathèque Française –  51 rue de Bércy, 75012 Paris – Métro Bercy Lignes 6 et 14
Plein tarif : 6,50 euros
Tarif réduit : 5,50 euros
Pour en savoir plus : http://www.cinematheque.fr/cycle/hollywood-decadent-372.html

                                                                                                                                                                Inès Vercoustre et Anaïs Godemet