Rencontre avec Claire Fournié, chargée de communication, diffusion et relations avec les publics pour la compagnie théâtrale Le Temps de Vivre

lun, 01/26/2015 - 12:27 - milena.mccloskey
Le 25 novembre 2014, la promotion Niki de Saint-Phalle a rencontré Claire Fournié, chargée de communication, diffusion et relations avec les publics pour la compagnie théâtrale Le Temps de Vivre, basée à Colombes. Le rôle polyvalent et primordial de Claire Fournié dans sa structure, ainsi que la richesse des actions entreprises par la Compagnie ont suscité de nombreuses questions et un échange enrichissant pour les futures médiatrices. La compagnie Le Temps de Vivre crée des spectacles diffusés dans un large réseau théâtral tout comme dans des lieux “non équipés” (bibliothèques ou tout espace public) afin d’être au plus près des habitants. La compagnie met en place des projets de médiation pour faire se rencontrer publics et artistes. Rumeurs Urbaines, Festival du conte et des arts de la parole créé en 2000 en est l’exemple. La dernière création en date de la compagnie, Samedi, la révolution, explore le rapport entre les différentes générations liées à l’immigration et raconte aussi bien le désarroi que l’espoir de la jeunesse algérienne. Ce projet a été le point de départ de réflexions avec des élèves de lycées et de collèges sur le rôle des médias et de la presse lors du Printemps Arabe.
 
Qu’est ce qui vous a amenée à travailler dans les relations publiques ?
 
     J’ai dans un premier temps suivi des études de médiation culturelle à Avignon et à Marseille. Le rapport aux gens m’intéressait, en particulier la façon de transmettre un message de médiation à travers le théâtre, dont je suis passionnée. Je pense que c’est ma forte expérience de spectatrice de théâtre qui m’a orienté vers la question des publics. Petit à petit je me suis spécialisée dans le théâtre contemporain et jeune public.


Comment fonctionne la compagnie Le Temps de Vivre ?
 
        Le Temps de Vivre est une assez petite structure, qui fonctionne avec un budget modeste. Elle est composée d’une équipe permanente de trois intermittents et trois salariés. Nous bénéficions de financements permanents pour assurer le fonctionnement de la structure au quotidien et la rémunération des salariés. D’autre part, nous recevons des financements dédiés à des projets précis pour payer les interventions ponctuelles et ciblées des artistes.
  L’équipe administrative se compose d’une administratrice, d’une chargée de production et d’une secrétaire. L’équipe artistique se compose d’un auteur/metteur en scène, d’un créateur lumière et d’un créateur sonore. La compagnie évolue également avec une quinzaine d’artistes associés, cela varie en fonction des projets. La compagnie n’a pas de siège fixe, elle évolue dans une culture de partenariat avec les structures institutionnelles et associatives.
       La première mission de la compagnie est de créer des spectacles. Les créations du Temps de Vivre naviguent généralement entre le conte et le théâtre. Autour de ces créations, on imagine des actions de médiation auprès des publics.
 
Dans votre travail au sein de la compagnie, dans quelles proportions s’articulent le travail administratif et le travail de terrain ?
 
       Le travail de médiation et de relations avec les publics se croisent mais relèvent de différentes démarches. Le travail de médiation culturelle est en effet plutôt un travail de terrain. Pour moi, il s’agit d’aller tracter, et de s’adresser directement aux habitants.
Le travail de relations avec les publics a pour mission  d’informer, de fidéliser et d’attirer le public par différents outils : les supports de communication physiques ou virtuels, les politiques tarifaires…
 
Pensez-vous les projets artistiques en fonction de ce qu’ils peuvent engager dans la communauté Colomboise ?
 
         Nous répondons souvent à des appels à projet dans le cadre des contrats de ville, certes, les municipalités sont un partenaire majeur. Mais l'art prime. Ce n’est qu’ensuite que nous réfléchissons à comment insérer les gens autour du projet. Les actions de médiation sont comme un prolongement des questionnements que posent le spectacle. Il s’agit de travailler à partir de l’oeuvre, dans la discussion. Nous sommes également en réaction et en adaptation constante avec notre environnement, c’est une source d’inspiration artistique. Par exemple, en prenant en compte une spécificité du territoire : à Colombes se trouve le seul terrain d’accueil en Île-de-France de gens du voyage. Donc nous avons proposé à une artiste associée d’aller à leur rencontre, et à travers des portraits sonores et des paroles collectées, nous avons créé un spectacle. Une poésie sonore posant la question “qu’est-ce que c’est être nomade aujourd’hui?”.
 
Quels sont les objectifs de votre action de médiation autour des spectacles ?
 
        D’abord, il s'agit d'une réflexion sur des sujets de société. Ensuite,  nous cherchons à créer de la mixité dans les publics, à faire se rencontrer les différents groupes touchés par les différentes actions de médiation. Par exemple, au moment de la restitution du travail, nous privilégions les ateliers ouverts plutôt que des représentations où il n’y a pas d’interaction entre les praticiens et les spectateurs.
         Nous considérons que le lien social est une des vertus fondamentales du théâtre,  se dégageant de sa pratique même. Ce n’est pas une stratégie pour avoir des subventions publiques; le contact avec les habitants, les associations, nous enrichissent nous tout autant qu'eux. Parfois nous proposons des actions, parfois on nous commande des interventions, que nous mettons en lien avec le projet d’un artiste. C’est aussi mon travail de faire en sorte que des artistes et des groupes de personnes se rencontrent, je dois les convaincre de collaborer. Ainsi il y a des spectacles qui naissent d’actions de médiation et des actions de médiation qui naissent de spectacles. Une part de mon travail est comment mettre en valeur et diffuser les résultats de ces échanges et actions de médiation.
 
Quels sont vos principaux partenaires/interlocuteurs?
 
         Nous nous appuyons sur les réseaux associatifs et culturels locaux. Dans notre territoire, ils sont très denses et sont au contact quotidien avec les habitants. Nos financements publics viennent des institutions culturelles locales comme la Région Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle et subventionnée par l’Acsé, la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France – Ministère de la culture et de la communication, le Conseil général des Hauts-de-Seine et les villes de Colombes et d’Asnières. Ces partenariats sont à renouveler pour la plupart d’une année à l’autre. Il faut parfois repartir à zéro mais cela dépend des projets, certains s’intègrent au long terme dans la vie associative et éducative en partenariat avec des professeurs ou des institutions culturelles. D’une année sur l’autre, au fil de rencontres avec des artistes ou des associations, nous mettons en place de nouveaux projets, nous réactivons notre réseau.
 
Quelles actions ont été menées autour de la création de la pièce Samedi, la révolution ?
 
         Après avoir obtenu une subvention pour ce projet, s'est engagé un processus de création sous forme d’aller-retours entre l’auteur Arezki Mellal et le metteur en scène Rachid Akbal. Samedi, la révolution est né d’un premier texte qu’avait écrit Arezki Mellal et qui avait semblé en accord total avec les problématiques fétiches de la compagnie: l’immigration, l’exil, la recherche identitaire. Au fur et à mesure de la création du spectacle se sont engagés la création sonore, la création lumière et la scénographie. Samedi, la révolution traite de sujets importants, qui peuvent toucher une grande partie de la communauté colomboise issue de l’immigration. De plus, la pièce faisait écho à une brûlante actualité : celle du Printemps Arabe. Ce sujet avait donc une forte portée pédagogique comme nous avons pu le constater pendant notre semaine avec les élèves STMG au lycée Michel-Ange de Villeneuve-La-Garenne. Autour du projet, ils ont pu découvrir l’actualité maghrébine en décryptant la presse. Notre intervention auprès d’eux avait également pour but de les initier à l’écriture et au jeu théâtral.
 
Quelles ont été les conséquences de vos différentes actions culturelles? Les habitants sont-ils réfractaires à ce type de projet?
 
       Les résultats de nos actions sont très difficilement quantifiables ! Mais nous observons quand même une augmentation des habitants répondant régulièrement à notre offre culturelle.
 
Menez-vous un véritable suivi avec les lycéens? Souhaitez-vous pérenniser ce partenariat ?
 
       Il se peut que nous travaillons d’une année sur l’autre avec la même école, nous essayons de maintenir un lien avec les élèves et leurs parents du petit Colombes. La modestie de notre compagnie ne nous permet pas de mener un suivi plus intensif. Cependant ce n'est pas un échec puisque nous souhaitons avant tout que les élèves puissent rencontrer différents artistes et structures culturelles au sein de leur parcours d'initiation artistique.
 
Quelle est votre rôle dans le déroulement du festival Rumeurs Urbaines ?
 
       En ce moment, c’est le temps du bilan ! L’édition 2014 a eu lieu en octobre, c’était un succès.
Dans le cadre de ce festival je m’occupe beaucoup de la communication (rédaction et planification de la diffusion des supports de  communications.) et la Compagnie est associée dans le choix de programmation. J’effectue également un travail de coordination pour prendre contact avec les différentes associations.
 
Liens utiles
http://www.le-temps-de-vivre.org/-Compagnie-

http://samedilarevolution.wordpress.com 

 

 

Compte-rendu réalisé par Emilie Grapindor, Milena Mc Closkey et Stéphanie Salvi.