Réparer les vivants
mer, 11/16/2016 - 17:31
Réparer les vivants
Réparer les vivants c’est d’abord un livre, celui de Maylis de Kerangal. Puis le livre est adapté en pièce de théâtre mis en scène par Emmanuel Noblet, et dernièrement la pièce devient film, réalisé par Katell Quillévéré.
On lui doit avant cela le film Suzanne récompensé par deux prix et onze nominations, elle ne reprend aucun de ses anciens personnages, comme Sara Forestier qu’on aurait bien vu à la place de la mère en deuil. Mais le casting est très grand de Emmanuel Seigner à Tahar Rahim, et emprunte même à Xavier Dolan, Anne Dorval, méconnaissable sans son accent et Monia Chokri, mais finalement les jeux des acteurs n’a pas un rôle si important dans ce film.
Celui qui tient toute l’histoire ne parle pas, meurt et ressuscite. Ce personnage c’est le cœur d’un jeune homme de dix-sept ans qui subit un traumastime à bord d’un combi avec ses amies. Après un réveil aux aurores à surfer sur les plages du Nord, la fatigue l’emporte.
Le garçon est alors plongé dans un coma dont il ne se réveillera jamais. La nouvelle est très violente pour ses parents, Emmanuel Seigner dont les yeux en disent long et subit sur son visage cette douleur extrême et Kool Shen en papa désabusé jetant sa haine sur Tahar Rahim, médecin pourtant bienveillant qui apporte maladroitement la question du don d’organe. Premier moment de gêne, la scène est mal joué et le pathos mis en exagération ne prend pas sur le public.
Ce cœur va trouver une place dans celui d’une femme d’une clinquantes années, mère de deux garçons vivant seul, qui finalement ne sait pas trop si elle va continuer à se battre contre sa maladie cardiaque, et quand la question du don d’organe s'impose, répond « Je ne suis pas sur de vouloir vivre avec le cœur d’un autre ».
Deuxième moment de gêne quand on comprend sans transition qu’elle accepte l’opération par la suite, on se demande cruellement si elle mérite ce choix, est-ce que d’autres personnes n’étaient pas prêt à tout pour cette transplantation ? Elle le fait définitivement pour ses garçons.
Dans ce film nous sommes spectateur et témoin, on se sent derrière les vitres d’une salle d’opération. Jamais un film n’avait abordé la question de la transplantation cardiaque d’une telle façon. De l’opération, au transport, à la congélation et enfin la transplantation, tout y est. Documentaire ou alors fiction. On dirait un réel mélange entre ses deux genres, et c’est bien pour cela qu’il y a un recul sur les émotions, et que finalement tout le reste la musique, les scènes longues, les discussions entre personnage importe peu le spectateur et s’en lasse.
On se sent un peu nul de dire ouvertement du mal de ce film, le livre a été un très grand succès et la pièce est encore jouée à guichet fermé. Le sujet est très important et fait réfléchir, moi même en sortant je me suis posé la question du don d’organe, il faut en discuter entre famille et amies.
Finalement, c’est cela que cherche à réaliser Katell Quillévéré tout simplement à amener une discussion.
Ines Vercoustre