Sans rancune, Israël !

Qui, mieux que le Dr Izzeldin Abuelaish, peut raconter une vie emprisonnée dans le conflit israélo-palestinien ? Né au milieu du conflit et ayant vécu la plus grande partie de sa vie dans la bande de Gaza, terre longue de quarante kilomètres sur douze de large, le Dr Abuelaish raconte, dans Je ne haïrai point (I Shall Not Hate), son histoire, celle de son enfance, son parcours, le quotidien de sa famille, celui de ses voisins et de chaque Palestinien qui vit dans ce territoire.

Plus qu’une autobiographie, ce livre est un témoignage émouvant et déchirant d’un habitant gazaoui, c’est un message universel prônant la paix et la tolérance entre les Palestiniens et les Israéliens. Pourtant, la haine et la rancœur seraient presque permises et même pardonnées au médecin de Gaza ; en janvier 2009, trois de ses filles et sa nièce se font tuées lors d’un bombardement israélien. Mais le petit aîné de sa famille, devenu gynécologue respecté, a choisi les chemins de la paix :

« Ma réponse à la haine et à la vengeance est ma capacité à les surmonter. […] Mes trois filles et ma nièce sont mortes. La vengeance, si caractéristique du Moyen-Orient, ne les ramènera pas. Il est important de ressentir la colère dans une telle situation, mais on peut choisir de ne pas la transformer en haine ».

Au-delà de la description des souffrances quotidiennes, des épreuves à surmonter tous les jours et des humiliations répétitives, le récit si honnête et intime dans lequel est transporté le lecteur est une invitation. Il le projette dans une sorte de journal intime où Izzeldin se confie et livre son histoire en neuf parties. Ces dernières mêlent le regard critique et observateur d’Abuelaish enfant sur le monde qui l’entoure, avec l’espoir et l’optimisme qui font encore sa foi. Elles plongent aussi le lecteur dans les dessous du conflit, dans la vision du citoyen sur les décisions qui sont prises à sa place sur sa terre, sa gestion et son avenir. Ce sont le parcours d’un jeune enfant devenu premier médecin palestinien à travailler dans un hôpital israélien, l’homme que le sourire quitte rarement. Fort  de sa patience et de son courage, c’est le père qui sillonne le monde dans le but de promouvoir la paix dans sa région, comme le souligne dans la préface son collègue israélien le Dr Marek Glezerman :

« Malgré tout ce qu'il a vu et enduré, sa foi en la coexistence et la paix entre Palestiniens et Juifs n'a jamais été ébranlée ».  

En mémoire de Bessan, Mayar et Aya, ses trois filles tuées, le Dr Izzeldin Abuelaish a créé la fondation Daughters For Life, dédiée à l’éducation et la santé des jeunes filles du Moyen-Orient. Vivant aujourd’hui au Canada  pour permettre à ses enfants d’avoir une vie meilleure, il continue de consacrer sa vie au rêve qu’un jour Palestiniens et Israéliens se réconcilient et vivent en harmonie. Une belle leçon d’humanisme.

 Omar Dahmouni

Docteur Izzeldin Abuelaish Je ne haïrai point : un médecin de Gaza sur les chemins de la paix (Sortie en poche le 14 novembre 2012, aux Éditions J'ai Lu)