Tatouages & Country
mer, 11/13/2013 - 01:00
Depuis sa sortie en août dans l'hexagone, le dernier film du réalisateur flamand Felix Van Groeningen parvient discrètement mais sûrement à faire entendre son cri mélancolique, rempli de rage et d'espoir, à qui ose s'aventurer dans les salles obscures à la recherche d'émotion.
Inspiré de la pièce de théâtre The Brocken circle breakdown, écrite par Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels, Alabama Monroe se base sur les sentiments : ceux d'un homme et d'une femme que tout semble opposer, mais qui pourtant partagent une même vision de la vie. Une vie simple et généreuse, faite d'amour, d'eau fraîche et de musique bien sûr. Didier (Johan Heldenbergh), ours barbu et chevelu, idolâtrant l'Amérique des grandes plaines et jouant du banjo dans un groupe de country, fait la connaissance d'Elise (Veerle Haetens), féline et tatouée. Cette rencontre, à la fois singulière et naturelle, sonne le début d'une union se concrétisant peu de temps après avec la naissance de leur fille, Maybelle. Et puis, le cancer. Elément sinistre s'invitant dans leur trio uni. La fillette de sept ans, crâne nu et seringue au bras, lutte contre la maladie. Pendant ce temps, ses parents dégringolant des cieux réalisent que leur bonheur trop simple ne pouvait pas durer.
Bouleversant l'ordre chronologique, Felix Van Groeningen joue sur le ressenti du spectateur. Il parvient à le faire passer des rires aux larmes avec une adresse certaine, sans pour autant tomber dans le pathos. Flash-back, ellipses et musique country rythment le long métrage. Celui-ci gagne en profondeur dans cette narration éclatée. Ici, il n'est pas question de mélodrame mais plutôt d'énergie et de croyance.
Amour, maladie et lutte se confondent avec justesse dans Alabama Monroe. La possibilité d'une renaissance est explorée par Elise. Ce personnage déchu s'affrime à la fin du film sous un nouveau nom : Alabama, qu'elle tatouera à l'encre noir sur son corps lors d'un dernier voyage.
Apolline Flieg
A.F